Les primo-accédants connaissent les pires difficultés pour accéder à la propriété. 3:24
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Romain Rouillard / Crédit photo : Pexels/RODNAE Productions , modifié à
La crise durable du marché de l'immobilier entrave considérablement les projets des primo-accédants, confrontés à d'importantes difficultés de financement sur fond de hausse des taux d'intérêts et de réticence des banques à accorder des prêts. De quoi gripper l'ensemble du marché, y compris celui de la location. 

Des taux d'intérêts qui flambent, des prêts accordés au compte-goutte par les banques et des transactions en chute libre. La crise de l'immobilier est désormais confortablement installée en France et pénalise notamment les primo-accédants qui éprouvent toutes les peines du monde à acquérir leur premier logement. Invité de Céline Géraud, dans Europe 1 13H, Yann Jéhano, le président du réseau immobilier Laforêt, a fait appel aux chiffres pour illustrer ce blocage

"C'est dramatique, car les primo-accédants, avant la crise sanitaire en 2019, réalisaient une acquisition sur deux au sein du réseau LaForêt. Aujourd'hui, c'est une sur cinq", dit-il. Une entrave qu'il attribue à d'importantes "difficultés de financement" qui poussent ces primo-accédants à "jeter l'éponge". Certains vont même jusqu'à s'auto-censurer, assure-t-il. "Ils se disent : 'ce sera trop compliqué, je vais avoir du mal à me constituer un apport, je vais aller taper à la porte des banques qui vont me refuser mon projet et je verrai plus tard'". 

Un manque à gagner pour l'État

De quoi activer l'engrenage du cercle vicieux dans lequel le marché immobilier est embourbé. "C'est problématique car, dans ces conditions, ces primo-accédants se tournent vers le marché locatif qui est extrêmement bloqué", fait remarquer Yann Jéhanno qui résume la situation ainsi : "difficile de devenir propriétaire pour la première fois, difficile de devenir locataire du parc privé et très difficile de devenir locataire du parc social donc le logement est bloqué dans notre pays". 

Cette réduction drastique du nombre de transactions immobilières, accentuée par les réticences des primo-accédants, n'est pas sans conséquences sur le budget des communes et représente un manque à gagner non négligeable pour le trésor public. "Moins de ventes au niveau national, ça veut dire moins de droits de mutation, ce que l'on appelle les frais de notaire. C'était 16 milliards d'euros l'année dernière pour les caisses de l'État et cette année, on envisage un recul de 2 milliards et demi", indique Yann Jéhanno. 

Et l'effet boule de neige ne s'arrête pas là : "Dans ce cadre, les taxes qui sont à la main des communes vont flamber. On l'a vu avec la taxe foncière, on le voit avec la taxe sur les résidences secondaires", pointe le président de LaForêt. t

La souplesse des primo-accédants

Mais ce dernier évoque toutefois des signaux positifs, porteurs d'espoir. "Il faut souligner que les banques régionales, les banques mutualistes, ont toujours accompagné les Français dans leur projet", dit-elle. "Certaines grandes banques nationales, voire européennes et internationales, étaient beaucoup plus réticentes, car elles avaient besoin de reconstituer leurs marges. Mais il semblerait que, depuis la rentrée, les signaux soient davantage au vert", ajoute-t-il.

Et de saluer la souplesse des primo-accédants face au blocage du marché. "Ils sont astucieux, n'hésitent pas à reconfigurer leurs projets, parfois à réduire un peu la surface, à se délocaliser un peu, à accepter des travaux". Une flexibilité que Yann Jéhanno n'attribue pas à certains vendeurs qui "lorsqu'ils ne sont pas contraints de vendre, s'arc-boutent sur leurs positions".