Yvelines : une pharmacienne jugée pour abus de faiblesse sur ses voisins nonagénaires

La pharmacienne doit s'expliquer sur près de 500.000 euros d'opérations.
La pharmacienne doit s'expliquer sur près de 500.000 euros d'opérations. © AFP
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avec AFP , modifié à
Elle doit s'expliquer sur des opérations financières avec un couple de nonagénaires, décédé depuis, atteignant près de 500.000 euros.

A-t-elle abusé de la faiblesse d'un couple de nonagénaires dont elle prenait soin ? Une pharmacienne de 59 ans a comparu lundi à Versailles pour s'expliquer sur des opérations financières entre elle et ses voisins, atteignant près de 500.000 euros. Refusant de rejoindre une maison de retraite, deux habitants de Sonchamp (Yvelines), âgés de 93 et 95 ans, avaient accepté en mai 2014 l'aide de leur voisine, qu'ils connaissaient depuis une dizaine d'années et leur avait proposé de s'occuper d'eux. Ils lui confient une carte bancaire, lui donne procuration sur leur compte et, eux qui n'avaient pas d'enfant, modifient leur testament en sa faveur.

Signalement de Tracfin. Mais en août 2016, Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, réalise un signalement. La justice ouvre une enquête, qui met au jour des chèques et retraits atteignant 221.500 euros sur 18 mois. La prévenue a également racheté l'assurance-vie du couple et leur maison en viager. Le montant total de ces opérations s'élève à 467.000 euros, selon l'enquête. Les époux étant décédés en 2017, c'est leur légataire universelle, leur nièce, qui s'est portée partie civile. "Les dépenses sont justifiées", a déclaré la prévenue à la barre, affirmant qu'elles avaient financé le quotidien du couple, leurs soins et des travaux : "Je ne me suis pas enrichie, pas d'un seul centime". Le fils de la prévenue est également poursuivi pour "recel d'abus de faiblesse", du fait d'un chèque encaissé sur son compte et de son statut d'associé dans le rachat de la maison. Il a nié à la barre toute infraction.

Quelques centaines d'euros en salaires entre 2013 et 2016. La prévenue est par ailleurs mise en cause pour l'emploi d'une aide à domicile qui travaillait pour elle et le couple, une jeune Tunisienne qui n'a reçu que quelques centaines d'euros en salaire entre 2013 et 2016, sans congé ni liberté de mouvement, selon l'accusation. La prévenue a aussi contesté ces faits. Dans ce dossier mis en délibéré au 14 mai, le procureur a requis de 3 à 4 ans de prison dont "la plus grande partie" avec sursis et 50.000 euros d'amende pour la prévenue ; 3 à 6 mois avec sursis et 5.000 euros d'amende pour son fils. "Ils avaient confiance en elle, elle s'est servie de cette confiance", a tancé maître Paul Couture, avocat de la nièce. "Les chiffres sont simples : au jour de leur mort, il ne restait plus rien". L'avocat de la défense a reconnu "maladresse" voire "excès" de sa cliente, mais souligné les "rapports d'affection" entre les protagonistes et l'absence de traces "d'enrichissement personnel". Il a plaidé la relaxe, faute d'éléments pour le second volet du dossier.