Vigile tué à Paris : ce qu’il s’est passé lundi matin dans l’ambassade du Qatar

ambassade du Qatar à Paris
Un vigile a été tué ce lundi matin à l'ambassade du Qatar à Paris. © EMMANUEL DUNAND / AFP
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William Molinié, édité par Romain Rouillard , modifié à
Un vigile a été tué lundi matin dans l'enceinte de l'ambassade du Qatar dans le 8e arrondissement de Paris. Selon les informations d'Europe 1, les policiers ont dû attendre 53 minutes avant de pouvoir pénétrer à l’intérieur de l’ambassade du Qatar où ce vigile était battu à mort par son agresseur.

Que s’est-il passé ce lundi matin dans l’ambassade du Qatar à Paris (8e) alors qu'un vigile y a trouvé la mort, tué par un individu ? Selon le rapport d’intervention des policiers primo-intervenants qu’Europe 1 a consulté, les effectifs en patrouille dans le quartier ont été avisés à 6h30 d’une "rixe" à l’intérieur de l’établissement. À 6h35, ils sont devant l’établissement, accueillis par la femme de ménage. Mais comme il est d’usage dès lors que cela touche à une représentation diplomatique, les policiers reçoivent l’ordre de ne pas rentrer à l’intérieur.

Depuis l’extérieur, ils aperçoivent un homme à l’intérieur de l’ambassade en train de porter des coups à la victime, tentant de l’étrangler. Les policiers avisent alors leur salle de commandement qui leur demande de ne pas rentrer à l’intérieur avant d’avoir obtenu une autorisation écrite de l’ambassadeur ou d’un représentant. Ce n’est que vers 6h50 qu’un ministre conseiller de l’ambassade du Qatar se présente devant la grille et demande aux policiers d’intervenir.

"Si vous rentrez, vous ne ressortirez pas vivants"

Pendant ce temps-là, l’agresseur continue de porter des coups de pied à la victime. A 7h04, en attendant l’autorisation écrite, les policiers préviennent les pompiers. Une minute plus tard, le document est finalement rédigé par le représentant de l’ambassadeur. La salle de commandement exige aux effectifs sur le terrain de lui faire parvenir cette autorisation écrite.

Dans l’attente du retour de leur hiérarchie, les policiers sont la cible de menaces de mort de la part de l’agresseur. Selon leur version, cet homme leur lance : "Si vous rentrez, vous ne ressortirez pas vivants". Ajoutant : "C’est pour venger mes frères […], je ne ressortirai pas d’ici vivant". Toujours depuis l’intérieur de l’ambassade, l’homme crie à plusieurs reprises "Allah Akbar" et leur aurait dit qu’ils n’ont pas le droit de rentrer car il s’agit d’une ambassade.

Dépisté positif à la cocaïne

À 7h15, des renforts de police arrivent alors que les effectifs sur place attendent toujours l’ordre d’intervention en raison de la difficulté à transmettre le document écrit. Finalement, c’est à 7h28 qu’ils obtiennent le feu vert de l’état-major de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) afin d’entrer dans l’ambassade du Qatar, soit 53 minutes après leur arrivée.

Deux minutes plus tard, le suspect est interpellé, allongé face contre le sol après les injonctions des policiers. Dans des propos plus ou moins cohérents, il réclame l’immunité diplomatique du Qatar, tout en étant incapable de décliner de façon intelligible son identité. Une carte d’identité est retrouvée sur lui, un certain Ilies S., âgé de 38 ans. Il a été dépisté positif à la cocaïne. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour homicide volontaire, confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne.