Un chef d'entreprise suspecté d'avoir commandité l'agression d'une élue de Saint-Denis

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Un chef d'entreprise de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, a été arrêté cette semaine, suspecté d'avoir commandité en décembre l'agression dans la rue d'une adjointe au maire. Ce dernier sera jugé au mois de juin prochain, indique samedi le parquet de la ville. Le 20 décembre au soir, Oriane Filhol, sixième adjointe au maire en charge des solidarités, a été passée à tabac en sortant d'une réunion de travail. 

Un chef d'entreprise de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a été arrêté cette semaine, suspecté d'avoir commandité en décembre l'agression dans la rue d'une adjointe au maire qui a choqué l'opinion publique, et sera jugé en juin, ont indiqué samedi le parquet et la ville. Arrêté mercredi par la police, Mouloud B., 57 ans, sera jugé le 4 juin et a été placé entretemps sous contrôle judiciaire, a appris samedi à l'AFP confirmant une information du Parisien.

2.500 euros pour frapper une élue

Le 20 décembre au soir, Oriane Filhol, sixième adjointe au maire en charge des solidarités, est suivie dans la rue à Saint-Denis par deux hommes alors qu'elle sort d'une réunion de travail et passée à tabac. Dans un contexte de recrudescence nationale des violences contre les élus, l'agression provoque un tollé. En janvier, trois jeunes hommes de Saint-Denis de 18 ans à 22 ans sont arrêtés et condamnés pour cette attaque. À leur procès, ils expliquent s'être vu promettre 2.500 euros chacun par un mystérieux commanditaire pour frapper une personne qu'ils ne connaissaient pas.

Les images de vidéosurveillance de la ville montrent un homme, non identifié à l'époque mais aujourd'hui suspecté d'être Mouloud B., désigner du doigt aux exécutants Oriane Filhol au moment où elle sort de sa réunion. La victime croit reconnaître dans le donneur d'ordres Mouloud B., un entrepreneur de la ville qui a fait l'objet de plusieurs portraits dans la presse pour son engagement social. Cependant elle écarte aussitôt cette hypothèse car "cela semblait vraiment trop gros".

"Tout cela nous apparaît complètement flou et incompréhensible"

Mais début mars, le chef d'entreprise vient s'asseoir à côté de l'adjointe à un gala de boxe pour prendre de ses nouvelles. De but en blanc, son interlocuteur tente de justifier son absence le soir des faits au conseil d'administration du bailleur social de la ville, dont Oriane Filhol sortait lorsqu'elle a été attaquée. "Au moment où il s'est assis à côté de moi, j'ai développé l'intime conviction que c'était lui", relate Oriane Filhol, qui alerte alors la police.

Après des recoupements, Mouloud B. a été interpellé mercredi matin à son domicile. "Il reconnaît qu'il était présent le soir des faits sur les lieux tout en se disant complètement étranger à l'agression", déclare à l'AFP le parquet de Bobigny. Le mobile du passage à tabac reste encore nébuleux, la mairie et la victime disant ne pas avoir de litige avec l'entrepreneur. "Tout cela nous apparaît complètement flou et incompréhensible", indique le maire PS Mathieu Hanotin, en espérant que l'audience de juin permettra de faire la lumière sur cette affaire.