Soupçons de violences policières sur un sans-papier malien : l'enquête confiée à l'IGPN

IGPN police
L'enquête a été confiée à l'IGPN, la police des polices. © Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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avec AFP
Une enquête sur des soupçons de violences policières illégitimes après l'interpellation d'un sans-papier malien dans la capitale a été confiée le 17 septembre à l'IGPN, la police des polices, a indiqué lundi le parquet de Paris. Cette enquête a été ouverte le jour même des faits pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique".

Une enquête sur des soupçons de violences policières illégitimes après l'interpellation d'un sans-papier malien dans la capitale a été confiée le 17 septembre à l'IGPN, la police des polices, a indiqué lundi le parquet de Paris, confirmant une information de Mediapart. Cette enquête a été ouverte le jour même des faits pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique". Une autre enquête a par ailleurs été ouverte ce même jour pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique, rébellion et outrage", et confiée au commissariat du XVIIIe arrondissement, a indiqué le parquet.

Interpellé après une soirée d'anniversaire arrosée

D'après Mediapart, Seriba, 30 ans, sans-papier malien, fête son anniversaire avec ses amis dans la cour de son immeuble quand il est interpellé dans la nuit. D'après la préfecture de police, il est interpellé vers 3h30 du matin "en état d'ébriété par un équipage du XVIIIe arrondissement intervenant pour des perturbateurs devant un immeuble". Sur des images de vidéosurveillance dévoilées par Mediapart, on voit un face-à-face tendu entre Seriba et un policier avant qu'il ne soit amené au sol et menotté. D'après des témoignages recueillis par le site d'information, un coup de Taser est donné par un policier.

Une source policière a affirmé à l'AFP qu'il était drogué au protoxyde d'azote, et que le Taser avait été utilisé à "deux reprises sur lui". Il a déclaré à Médiapart qu'une fois embarqué dans un véhicule de police puis au commissariat, il avait reçu plusieurs coups de Taser "au niveau des testicules", et été frappé, ce qui a conduit à son hospitalisation.

"Une affaire de violence policière à caractère raciste", estime son avocat

Selon un rapport médical dévoilé par le site d'information en ligne et consulté par l'AFP, Seriba, examiné par un médecin de l'Unité médico-judiciaire (UMJ), déclare "avoir été victime de violences par des fonctionnaires de police lors de son interpellation", avoir "été plaqué au sol puis dans le véhicule de police, il a été roué de coups de poing au niveau de la face, du thorax." Le médecin lui accorde 45 jours d'interruption temporaire de travail (ITT), évoquant une "probable fracture du radius", un "choc psychologique important", un "traumatisme crânien" et des "lésions au niveau des parties génitales compatibles avec des traces de Taser".

Mais un deuxième examen médical a ramené cette ITT à 6 jours, a précisé le parquet. Selon son avocat, Me Arié Alimi, il fait aussi l'objet de propos racistes. Seriba a déposé plainte à l'IGPN le 6 octobre. "Il s'agit là encore d'une affaire de violence policière à caractère raciste particulièrement inquiétante. Elle s'inscrit dans un racisme systémique de l'institution policière. La préfecture de police de Paris, l'IGPN ainsi que de nombreux policiers ont tenté d'éviter sa révélation", a dénoncé Me Alimi.

Son client est par ailleurs poursuivi devant le tribunal correctionnel pour "usage illicite de stupéfiants" et "outrage à personne dépositaire de l'autorité publique" pour des faits datant du 6 octobre, selon le parquet de Paris. Il comparaîtra le 17 février, a précisé Me Alimi. Selon des images filmées par un témoin, diffusées par Mediapart, on voit des policiers fouiller plusieurs fois dans sa sacoche. "Les vidéos et témoignages montrent que sa sacoche était vide et que ce sont les policiers qui ont introduit volontairement des produits stupéfiants dans la sacoche après son interpellation", a affirmé à l'AFP Me Alimi.