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Frédéric Michel, édité par Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a tué 86 personnes au volant d’un camion. L’attentat fera aussi 318 blessés, plus de 3.000 personnes touchées psychologiquement. Désormais, les victimes veulent faire entendre leurs voix et se reconstruire à travers ce procès, qu'elles ont attendu pendant six ans.

À Nice, le 14 juillet 2016, l'attaque au camion avait fait 86 morts et 318 blessés sur la promenade des Anglais. Plus de 3.000 personnes ont été touchées psychologiquement dont un millier d’enfants toujours suivi. L'auteur de l'attentat est mort, ce sont donc ce lundi huit personnes qui se tiendront dans le box des accusés pour l'ouverture de ce procès tant attendu. Les victimes de ce drame, elles, comptent bien faire porter leurs voix dans la Cour d'assises.

"Je veux comprendre"

Valérie, blessée dans l’attentat, ira à Paris pour le procès. Elle est soutenue par l’association française des victimes du terrorisme. "Ce soir là j'y suis allée avec mes trois enfants", raconte Valérie. "Quand après les feux d'artifice ça a commencé, on a sauté sur la plage. Là, j'ai perdu un genou." Depuis, la vie quotidienne de Valérie est lourdement impactée. "Je marche mais je ne peux pas monter et descendre les escaliers. J'ai perdu mon travail."

Pour Valérie, ce procès est une façon de se reconstruire. Elle veut "être libérée de ce poids qui pèse depuis six ans. Les valises sont lourdes depuis six ans. Donc je vais les poser." Valérie compte porter son témoignage, "pour que peut-être il serve à d'autres", mais surtout pour qu'il lui serve à elle. La mère de famille a prévu de s'adresser directement aux accusés lors de ce procès. "Pour leur dire qu'ils n'ont pas de place dans mon monde." À ce jour, Valérie n'est toujours pas retournée sur la promenade des Anglais. "Je veux comprendre, même si des zones d'ombre il y en aura. On ne peut pas comprendre la folie de quelqu'un."

"La sanction, elle est importante dans une société"

Anne Murris aussi été présente ce jour-là. Elle est la présidente de l'association Mémorial des Anges. Il y a six ans, sa fille est morte, fauchée par le camion. Camille avait 27 ans. Aujourd'hui, Anne Murris veut elle aussi comprendre. "C'est une grande inconnue. Cette inconnue du stress, cette inconnue de l'attention. Cette salle dans laquelle il doit y avoir un climat si particulier. Ces accusés qui seront dans les box et que l'on va découvrir", explique la présidente d'association.

Anne attend aujourd'hui que la justice fasse son travail. "À titre personnel, je crois énormément à la valeur de la sanction parce que ça peut avoir un caractère dissuasif au niveau de certaines personnes. La sanction, elle est importante dans une société. Puis, au-delà de ça, je crois que c'est excessivement important d'avoir cette réponse judiciaire au terrorisme." La présidente d'association continue d'avancer en pensant à Camille. "Quoi que je fasse ou quoi que je dise, j'ai toujours la volonté d'être fidèle à ma fille. Camille était une personne très généreuse, très altruiste, très ouverte. Avec jamais de haine, et donc j'essaye d'être toujours dans ce fil conducteur",  précise-t-elle. "Ne pas avoir de haine ne veut pas dire qu'on n'est pas dans la nécessité d'être dans une volonté de vérité."

Le procès de l'attentat de Nice doit durer quatre mois. Le verdict est attendu à la mi-décembre.