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Émeutes en Nouvelle-Calédonie: un mort et deux blessés dans un échange de tirs, le bilan monte à six morts

Europe 1 avec AFP . 6 min
© Delphine Mayeur / AFP

Cinq jours après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, un homme est mort et deux autres ont été blessés dans un échange de tirs sur un barrage érigé par des émeutiers dans le nord de l'archipel. En tout, six personnes sont mortes depuis lundi.

Un Caldoche est mort et deux autres hommes ont été blessés samedi en Nouvelle-Calédonie dans un échange de coups de feu sur un barrage érigé par des Kanaks dans le nord de la grande île, a-t-on appris de sources proches du dossier. Le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, a confirmé à l'AFP "un mort et deux blessés à Kaala-Gomen", une commune de la province Nord. Il s'agit du premier mort dans des faits survenus en dehors de l'agglomération de Nouméa, la "capitale" calédonienne, où s'étaient concentrées jusque-là des émeutes ayant une dimension essentiellement urbaine.

Ce décès porte à six le nombre de morts depuis le début lundi des violences, les plus graves survenues en Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980, sur fond de contestation indépendantiste d'une réforme électorale votée à Paris. Outre ces six morts - deux gendarmes et quatre civils, trois Kanak (d'origine autochtone mélanésienne) et un Caldoche (d'origine européenne) - des centaines de blessés sont à déplorer, selon les autorités.

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Les faits de Kaala-Gomen se sont produits samedi à 14h30 (5h30 à Paris), selon deux sources proches du dossier. D'après une de ces sources, des tirs ont été échangés quand deux Caldoches d'une même famille ont voulu passer un barrage : le père est décédé, son fils a été blessé, ainsi qu'un Kanak qui se tenait sur ce point de blocage. Ces trois personnes avaient été évacuées vers l'hôpital de Koumac, dans le nord, après l'échange de coups de feu, selon une des sources proches du dossier.

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Les informations à suivre :

  • Un homme est mort et deux autres ont été blessés dans un échange de coups de feu sur un barrage ce samedi matin
  • Pour le gouvernement local, "des gens meurent" faute de soins à cause des blocages
  • 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel

L'arrivée vendredi de 1.000 renforts, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises à reprendre le contrôle de la situation. Mais pour les habitants, les dégâts de plus en plus étendus et les obstacles à la circulation compliquent le ravitaillement dans les commerces, ainsi que le fonctionnement des services publics, notamment de santé.

Dans le quartier de Magenta à Nouméa, la rue principale est jonchée de débris, de voitures calcinées et de chariots brûlés, samedi, stigmates des troubles de la nuit. Elle est désormais sécurisée par un important dispositif policier, a constaté l'AFP. Si une pizzeria et un traiteur japonais ont été réduits en cendres, le supermarché du quartier, juste à côté, a rouvert ses portes pour quelques heures seulement, avec une file d'attente de plusieurs centaines de personnes.

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"Des gens meurent" à cause des blocages, déplore le gouvernement local

La Nouvelle-Calédonie est engagée "sur une voie destructrice", a déploré samedi le gouvernement de l'archipel français du Pacifique en proie aux violences, où les "gens meurent" faute de soins, en raison des barrages dressés par les émeutiers. Depuis lundi, ce territoire est le théâtre d'émeutes nocturnes qui ont conduit à la mort de six personnes dont deux gendarmes, après le soulèvement des indépendantistes contre une réforme électorale votée à Paris.

"Des gens meurent déjà, non pas à cause des conflits armés, mais parce qu'ils n'ont pas accès aux soins, pas accès à l'alimentation", s'est ému lors d'une conférence de presse à Nouméa le ministre local de la Fonction publique, Vaimu'a Muliava. "Il y a des gens dialysés, qui devaient être dialysés, qui ont trouvé la mort", a-t-il affirmé. "Libérez les routes, laissez les médecins, les infirmiers aller sauver les gens. Laissez les gens circuler", a exhorté Vaimu'a Muliava, au sixième jour de cette crise. "Un jour de plus, c'est le jour de trop", a-t-il encore déclaré, estimant que la population calédonienne est "en train de s'entretuer".

Malgré les nombreux magasins et les commerces incendiés ou pillés, les routes barrées, la Nouvelle-Calédonie n'est pas victime de "pénurie", a également assuré ce membre du gouvernement local, "mais (elle) le deviendra si on continue sur cette voie destructrice". Le gouvernement calédonien a appelé "à la raison". Si la "misère sociale qui s'exprime" est compréhensible, a dit Vaimu'a Muliava à l'adresse de la jeunesse, avec les destructions d'entreprises et d'infrastructures, "vous vous punissez vous-mêmes".

3.200 personnes bloquées en l'absence de vols

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel, a-t-il annoncé samedi. D'après "les chiffres qu'ont donnés les deux compagnies aériennes" desservant régulièrement la Nouvelle-Calédonie, ce sont "3.200 personnes au total" qui soit ne peuvent quitter l'archipel, soit ne peuvent y revenir, a indiqué lors d'une conférence de presse à Nouméa un porte-parole du gouvernement, Gilbert Tyuienon.

Ces vols commerciaux sont suspendus depuis mardi en raison des émeutes qui ont embrasé ce territoire français du Pacifique sud. La reprise du trafic est à ce stade programmée mardi par Aircalin, mais cette date est très incertaine, car elle est soumise à l'évolution des conditions de sécurité. Air Calédonie, pour sa part, ne propose plus de vols "jusqu'à nouvel ordre". "Aircalin assure l'hébergement en ce moment de certains [habitants de Nouvelle-Calédonie] qui sont bloqués à Singapour ou à Tokyo", a expliqué Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement chargé de la fonction publique. "On ne pourra pas le faire ad vitam aeternam. C'est pour cela qu'on dit : un jour de plus, c'est un jour de trop", a-t-il ajouté.

Le gouvernement local est propriétaire à 99% d'Aircalin et à 50,3% d'Air Calédonie. L'Australie et la Nouvelle-Zélande travaillaient samedi à la préparation pour ramener leurs ressortissants depuis la Nouvelle-Calédonie.

Enquête sur les "commanditaires"

Le couvre-feu décrété mardi, entre 18H00 à 6H00 locales (9H00 à 21H00 à Paris), reste en vigueur. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a publié vendredi une circulaire demandant au parquet "la plus grande fermeté à l'encontre des auteurs des exactions".

Le parquet de Nouméa a ouvert une enquête notamment pour association de malfaiteurs visant "des commanditaires" présumés des émeutes, dont "certains membres de la CCAT", la Cellule de coordination des actions de terrain, ce collectif indépendantiste dans le collimateur du gouvernement. Au total, depuis dimanche, 163 personnes ont été placées en garde à vue, dont 26 ont été présentées devant la justice, selon le parquet. Dans toute la Nouvelle-Calédonie, le réseau social TikTok, utilisé par les émeutiers, est banni jusqu'à nouvel ordre. Le montant des dégâts atteint 200 millions d'euros, selon des estimations locales remontant à jeudi.

La réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres a été adoptée par les députés, après les sénateurs, dans la nuit de mardi à mercredi. Ce texte devra encore être voté par les parlementaires réunis en Congrès, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient avant. Des discussions ont lieu à Paris sur l'avenir de cette réforme, menée sans suffisamment de concertation d'après de nombreux élus calédoniens.

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat, Gérard Larcher, avec plusieurs parlementaires de tous bords politiques, ont demandé vendredi lors d'une réunion à Matignon une mission de dialogue. L'idée de reporter la convocation du Congrès qui doit entériner la réforme ne fait pas consensus, selon plusieurs sources parlementaires.

La réforme élargit le corps électoral aux scrutins provinciaux, cruciaux sur l'archipel. Les partisans de l'indépendance estiment que cette modification va réduire leur poids électoral et marginaliser "encore plus le peuple autochtone kanak".

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