Nord : une mère jugée en appel après la mort de son bébé ébouillanté

Le procès en appel de la mère accusée de négligence après la mort de sa fille a débuté ce mardi.
Le procès en appel de la mère accusée de négligence après la mort de sa fille a débuté ce mardi. © JEFF PACHOUD / AFP
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avec AFP
Une mère condamnée à 18 ans de prison pour avoir laissé agoniser sa fille de 19 mois, morte ébouillantée par son compagnon, a tenté d'expliquer mardi en appel la profonde détresse dans laquelle elle se trouvait au moment du drame. En 2016, Mélinda avait été aspergée d'eau bouillante avant de succomber à ses blessures 24h plus tard.

"Je n'en pouvais plus", a déclaré à la barre Ana-Maria Barbosa de Sousa, 37 ans, jugée en appel jusqu'à vendredi aux assises de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais.

Aspergée d'eau bouillante

"Je voyais les choses, mais je ne pensais qu'à moi", reconnaît cette femme discrète aux cheveux sagement tirés en arrière. "Je n'ai pas su protéger mes enfants." En dépit d'un important suivi social de cette famille dysfonctionnelle, la petite Mélinda était décédée le 18 mai 2016 vers 14H30, à Neuf-Mesnil dans le Nord, après avoir été aspergée la veille au soir avec de l'eau brûlante par son beau-père.

L'enfant avait été enduite de crème hydratante et couchée, sans que personne n'appelle les secours malgré ses hurlements et vomissements. Le Samu n'avait été alerté que le lendemain midi. Mélinda avait été conçue quelques jours après l'inhumation de son aînée, Joulia, tuée par un proche de la famille à qui sa mère l'avait confiée.

Neuf grossesses entre 19 et 30 ans

Ana-Maria Barbosa, elle-même enfant battue, a depuis été condamnée à trois mois de prison avec sursis pour maltraitance sur cette autre enfant décédée à 21 mois. L'accusée, qui n'a jamais travaillé, a enchaîné 9 grossesses entre 19 et 30 ans, donnant naissance à quatre enfants. La dernière, Mélinda, est née alors que ses parents, séparés, avaient interdiction de se voir en raison de la procédure judiciaire en cours sur la mort de sa sœur.

Sa mère a rencontré peu après un nouveau compagnon, de dix ans son cadet, Jason Odin. Elle a emménagé avec lui chez un homme qu'il appelle son "oncle", condamné par le passé pour des actes pédophiles et que Jason Odin accuse de l'avoir violé. Les deux hommes ont été condamnés le 12 octobre 2020 par la cour d'assises de Douai et n'ont pas fait appel.

Jason Odin purge une peine de 25 ans de réclusion criminelle pour actes de barbarie envers Mélinda, et son hébergeur avait été condamné à quatre ans pour ne pas avoir porté assistance à l'enfant.

Ana-Maria Barbosa risque jusqu'à 30 ans de prison en appel

Les deux enfants aînés d'Ana-Maria Barbosa, sa mère chez qui ces derniers sont placés et le père de Mélinda, sont parties civiles au procès. "On va devoir revivre ces faits, c'est un calvaire indicible", a indiqué à l'AFP leur conseil, Me Hugo Van Cauwenberge. "C'est difficile de voir l'accusée se faire passer comme une victime. Elle encourt 30 ans de prison !"

Un psychiatre a décrit devant les jurés l'accusée comme une femme souffrant de "débilité affective", "peu empathique", et n'ayant exprimé après les faits "ni remord, ni regret, ni culpabilité". Après avoir initialement minimisé sa responsabilité, "c'est une femme qui évolue dans la réalisation des faits", souligne son conseil, Me Fatima En-Nih. "Il lui a fallu du temps."