Nord : une escroquerie aux allocations sociales d'au moins 1,7 million d'euros démantelée

Trois Roms roumains, considérés comme la tête du réseau, ont été interpellés et mis en examen.
Trois Roms roumains, considérés comme la tête du réseau, ont été interpellés et mis en examen. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP
Des jeunes femmes se déclaraient autoentrepreneures dans le recyclage de métaux, puis déclaraient des fausses grossesses prises en charge par le RSI. Des dossiers complètement fictifs étaient également déposés.

Un réseau de fraude aux allocations sociales pour un préjudice d'au moins 1,7 million d'euros dans le Nord a été démantelé et trois Roms ont été mis en examen pour escroquerie en bande organisée, a-t-on appris vendredi de sources proches de l'enquête.

Dossiers fictifs. Les agents de la Caisse d'allocation familiales (Caf) et du régime social des indépendants (RSI) avaient signalé au milieu de l'année 2017 l'accroissement anormal, en quelques mois, de constitutions de dossiers - 1.200 rien que pour le Denaisis - d'autoentrepreneurs par des Roms vivant dans le Valenciennois. Selon une source proche de l'enquête, des jeunes femmes se déclaraient autoentrepreneures dans le recyclage de métaux, puis déclaraient des fausses grossesses prises en charge par le RSI. Des dossiers complètement fictifs étaient également déposés.

"Il s'agissait d'un système frauduleux, dans l'écrasante majorité des cas", précise une source proche de l'enquête. "Ils constituaient des faux certificats de naissance, des fausses cartes d'identité roumaine." L'argent était ensuite transféré en Roumanie et investi "notamment" dans l'immobilier en Moldavie roumaine, d'où sont originaires "les têtes pensantes du réseau". "Le clan était à la manœuvre des constitutions de dossiers pour autrui et évidemment gardait le principal des allocations, ne laissant que quelques miettes aux personnes qui constituaient le dossier," a poursuivi cette même source. "Puis ce clan a constitué des dossiers faux, du début à la fin."

Fraudes persistantes. Trois Roms roumains, deux hommes et une femmes âgés de 27 ans et considérés comme la tête du réseau, ont été interpellés cette semaine, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, et écroués. L'un d'eux était déjà incarcéré, soupçonné d'agressions sexuelles sur mineurs. D'autres membres du réseau ont depuis rejoint la Roumanie. Deux d'entre eux s'étaient installés dans l'est de la France et continuaient à frauder. "Les perquisitions à Strasbourg et Forbach lundi et mardi ont pu montrer qu'ils poursuivaient le système dans l'est de la France, puisque de nombreux dossiers de même nature et toute une série de faux documents ont été découverts", selon la même source.

La Caf de Strasbourg serait victime jusqu'ici d'un peu moins de 100.000 euros et les investigations se poursuivent. L'enquête a été menée par la police aux frontières de Valenciennes et la division économique et financière de la police judiciaire de Lille.