Les données personnelles de 112.000 policiers mises en ligne sur un fichier Google

© SYLVAIN THOMAS / AFP
  • Copié
et AFP , modifié à
Un employé, en conflit avec sa hiérarchie, serait à l'origine de cette fuite. Une enquête a été ouverte.

Un "incident inacceptable". C'est ainsi que le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, a qualifié lundi la mise en ligne sur internet des données personnelles de 112.000 policiers, sur un fichier protégé par un code. Les coordonnées de ces agents retraités ou actifs, adhérents à la mutuelle générale de la police (MGP), ont en effet été chargées sur un fichier "cloud" de Google, accessible à partir d'un simple mot de passe. D’après RTL qui a dévoilé l'information, un employé d'une société sous-traitante de la MGP serait à l'origine de cette fuite. Une plainte a été déposée par la mutuelle et une enquête a été ouverte. 

Simplement protégées par un mot de passe. L'information a de quoi inquiéter de prime abord. Les faits remonteraient au début du mois de juin, selon RTL. Un employé d'une agence située à Limoges, et travaillant pour la mutuelle, aurait décidé de copier le fichier des adhérents – comprenant les adresses et numéros de téléphones de plus de 100.000 policiers - avant de les télécharger sur le "cloud" de Google. Sur cette plateforme de stockage des données personnelles, un simple mot de passe suffit à n'importe qui pour enregistrer ses documents, puis y accéder partout. Si cela ne signifie pas que celles-ci soient librement accessibles, elles peuvent être toutefois plus vulnérables sur ce support.

Un différend professionnel. "C'est un acte individuel de malveillance lié à un conflit interne", tempère une source policière sollicitée par L'Express, et qui invite à ne pas "s'emballer". En effet, ces informations n'étaient pas disponibles en accès libre sur Internet, comme on peut parfois trouver certains renseignements sur des sites "anti-flics". La direction de la MGP a mis trois semaines à se rendre compte des faits. Un différend entre le salarié et sa hiérarchie serait à l'origine de cet acte de vengeance. L'employé a été convoqué par la direction de la mutuelle, alors qu'il avait engagé une procédure contre son employeur aux prud'hommes pour le non-versement d'une prime.

Une enquête ouverte. Une enquête pour "détournement de données sensibles" a été ouverte le 23 juin après le dépôt de plainte de la présidente de la mutuelle au commissariat de Toulouse. "L'enquête judiciaire en cours permettra de déterminer les conséquences éventuelles de cette manipulation informatique et les responsabilités", a déclaré Jean-Marc Falcone. "Je demande à l'ensemble des institutions et organismes ayant en charge la gestion de données personnelles d'agents de la police nationale de prendre toutes les mesures de sécurité nécessaires", a ajouté le directeur général de la police nationale.

D'autre part, les policiers de la Sûreté départementale de Haute-Garonne ont envoyé une réquisition à Google pour que les données soient retirées le plus rapidement possible, a indiqué une source policière. L'opération de nettoyage aurait d'ores-et-déjà commencé, selon RTL.