Kevin, mon frère mort en kamikaze de l'EI

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Kevin Chassin, jeune Toulousain de 25 ans, converti, est mort dans vendredi en menant un attentat suicide en Irak. © Capture d'écran
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et Benjamin Peter , modifié à
Brice Chassin, 21 ans, a appris que son frère, un jeune Toulousain de 25 ans parti rejoindre le groupe Etat islamique, est mort en menant un attentat-suicide en Irak.
TÉMOIGNAGE

C'est l'histoire de l'itinéraire funeste d'un jeune Toulousain. Kevin Chassin, djihadiste français de 25 ans est mort vendredi en faisant exploser son camion bourré d'explosifs en Irak. La France avait découvert son visage en novembre dernier, quand ce jeune converti était apparu dans une vidéo de propagande de l'EI. Avec deux autres Français, il appelait les musulmans de France à mener le djihad avant de brûler leur passeport dans une mise en scène made in Etat islamique. C'est par un appel téléphonique que son petit frère, Brice, 21 ans a appris la mort de Kevin. Il se confie au micro d'Europe 1.

"Il avait des accès de délire".  Au téléphone, un homme déclare à Brice : "toutes mes condoléances, dis-moi ce que je peux faire pour toi". "J'ai alors demandé si (mon frère) était mort et il m'a dit 'oui'", raconte le jeune homme. "C'est là qu'il m'a expliqué que (l'attentat) était préparé depuis des mois, que c'était un camion avec deux tonnes d'explosifs qu'ils ont fait rentrer dans une base en Irak, et que c'était lui le conducteur du camion", poursuit-il.

"Depuis qu'il est parti en Syrie, cela fait deux ans que je lui parlais presque tous les jours. C'était des photos et des vidéos, on parlait de tout et de rien. Parfois, il avait des accès de délire : il se croyait dans un jeu vidéo. Il me disait : 'c'est la guerre, parfois je me cache derrière un mur et les balles frôlent ma tête'. Il en rigolait", se souvient-il.

"Il me disait 'je t'aime, tu me manques'". "Au début, il a essayé de m'endoctriner en me disant 'viens, je vis la vie de rêve', rapporte Kevin.  "Sauf que j'ai été moins faible que lui. Pendant deux ans, j'ai essayé de lui ouvrir les yeux en lui disant que ce qu'il faisait, c'était n'importe quoi, que j'avais lu le Coran et qu'il n'y a pas écrit qu'il faut tuer des gens. Et lui me disait : 'je t'aime, tu me manques. Mais je ne pourrais pas revenir en France, si je rentrais je prendrais 15 ans'", explique-t-il.

"Je ne réalise pas. Je sais bien qu'il est mort, mais je réaliserai le jour ou je me rendrai compte qu'il ne m'a pas envoyé de message, qu'il ne m'a pas envoyé de photo et qu'il ne s'est pas connecté. Je crois que je craquerai un peu mais là pour l'instant, je suis juste énervé qu'il m'ait menti et qu'il soit mort dans un attentat", conclut Kevin.