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Frédéric Michel édité par Wassila Belhacine , modifié à
En Corse, le contexte politique est toujours tendu. Ce jeudi se tient le procès d'un lycéen de 18 ans. Il comparaît libre pour des violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et transport de substances incendiaires, lors des manifestations en l'honneur d'Yvan Colonna. 

Les tensions sont toujours très vives en Corse, plus d'un mois après l'assassinat en prison du militant nationaliste Yvan Colonna. Mercredi à Bastia, le bâtiment de la Banque de France, le commissariat et même la préfecture ont été attaqués par une cinquantaine d'individus cagoulés. Ce jeudi, le procès d'un lycéen de 18 ans pourrait envenimer encore un peu plus la situation. Il comparaît libre pour des violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et transport de substances incendiaires. 

Des jeunes sans antécédents judiciaires 

À l'image de ce jeune homme, plusieurs manifestants seront jugés dans les jours à venir. Parmi la dizaine de personnes interpellées à ce jour sur l'île, plusieurs devront répondre de leurs actes devant des juges. À Bastia, un jeune homme actuellement en détention comparaîtra prochainement. Un autre, laissé en liberté, est convoqué le 12 avril. 

Ce jeudi après-midi, un jeune homme âgé de 18 ans doit être jugé après avoir été arrêté dimanche à Furiani, aux abords de la caserne des CRS après une manifestation. Un collectif d'une vingtaine d'avocats s'est constitué pour défendre ces prévenus.

"Ce sont des profils très jeunes sans antécédents judiciaires. Des jeunes qui, manifestement, veulent témoigner d'un certain rejet d'une attitude politique qu'ils ne comprennent pas. Ces revendications ont toujours été exprimées. Le collectif n'est pas là pour cautionner les actions violentes de part et d'autre, mais cette fois-ci, on a l'impression qu'un cap a été franchi", explique Maître Marc Antoine Lucas, l'un des avocats du collectif.

Près d'une trentaine d'enquêtes sont en cours 

Depuis le 2 mars, plus de soixante manifestants ont été blessés. Des plaintes ont été déposées à l'encontre de différentes autorités, mais on dénombre aussi plus de centaine de blessés dans les rangs des policiers et gendarmes. Pour le secrétaire national Unité SGP Police de la zone sud, Bruno Barretocetti, il ne faut pas inverser les rôles : "on nous demande tellement de faire retomber les tensions qu'à la sortie, le policier, lui, se sent ciblé sans pouvoir forcément riposter."

"Alors, on fait au mieux pour disperser plus que des fauteurs de troubles, parce que je vous rappelle quand même qu'ils viennent avec des cocktails Molotov, des bombes agricoles et des boules de pétanque. Et nous, on nous demande d'apaiser, d'attendre avant de riposter. Et c'est vrai que ça peut être mal compris dans nos rangs", détaille Bruno Barretocetti au micro d'Europe 1.

Et au total, sur l'île près d'une trentaine d'enquêtes sont en cours. Pour les faits les plus graves, les auteurs risquent les assises avec des peines allant jusqu'à vingt ans de prison.