Police 1:00
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Gwladys LAFFITTE et AFP , modifié à
Le 8 avril dernier, pendant le confinement, un homme avait trouvé la mort au commissariat de Béziers, où il avait été conduit après une interpellation difficile. Malgré des tentatives de réanimation, la victime de 33 ans n'avait pu être sauvée. Trois policiers municipaux présents ce jour-là ont été placés en garde à vue. 

Trois agents de la police municipale de Béziers ont été placés en garde à vue, jeudi matin, pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions et non-assistance à personne en péril. Une enquête qui intervient après la mort d'un homme en avril, lors d'un contrôle.

Maintenu sur le ventre

Les faits remontent au 8 avril dernier, en plein confinement. Un homme de 33 ans, Mohamed Gabsi, avait alors trouvé la mort lors d’un contrôle de police, après plus de trois quarts d'heure de tentative de réanimation dans les locaux du commissariat de police de Béziers, où il avait été conduit à l'issue d'une interpellation difficile. 

A l’époque, les trois policiers présents avaient été entendus en audition libre et avaient indiqué que "l'homme décédé avait refusé le contrôle et qu’il aurait adopté à leur rencontre un comportement très agressif", justifiant selon eux de procéder à son interpellation. L'homme avait résisté fortement, et longuement, à l'interpellation.

Les policiers municipaux avaient en effet eu du mal à le menotter puis à le faire entrer à l'arrière de leur véhicule. En le maintenant sur le ventre lors de cette interpellation, un policier municipal se serait également assis sur les fesses de l'individu afin de le maintenir jusqu'à sa conduite au commissariat, à quelques centaines de mètres de là. Il se serait alors calmé au cours du transport, les trois policiers affirmant même l’avoir entendu "ronfler", leur laissant penser qu’il s’était endormi, comme l'avait indiqué le parquet de Béziers à l’époque.

 Des questions autour de sa mort

L’autopsie n’a pas permis de déterminer "avec certitude la cause du décès ; qui pourrait résulter de troubles du rythme cardiaque d'origine plurifactorielle (toxique et neurologique) et d’un syndrome asphyxique". Les analyses toxicologiques avaient révélé la présence de cannabis dans l'organisme de la victime, prise peu de temps avant la mort, et une présence exceptionnellement élevée de cocaïne. Les médecins légistes avaient alors indiqué que "l'analyse toxicologique est en faveur de la survenue du décès dans un contexte d'intoxication aiguë suite à une prise massive de cocaïne, d'évolution potentiellement létale en elle-même". 

Mais selon l'autopsie ordonnée par le parquet de Béziers, l'homme a subi "un appui maintenu avec une force certaine en région cervicale, probablement avec un genou ou un coude, qui paraît avoir certainement participé au décès en provoquant un syndrome asphyxique".

Mohamed Gabsi était sans emploi et père de trois jeunes enfants à la garde de leur mère dont il était séparé. Il était connu des services de police et de la justice et avait été condamné 8 fois depuis 2005, notamment pour des violences et des vols. Sa dernière condamnation date du 7 avril 2020, soit la veille de sa mort, pour avoir volé de l'argent dans les mains d’une personne à la sortie d’un distributeur. Faits pour lesquels il avait écopé de six mois d'emprisonnement ferme, sans mandat de dépôt.