Jean-Marc Reiser a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour l'assassinat de Sophie Le Tan en 2018. 1:27
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avec AFP , modifié à
Jean-Marc Reiser, 62 ans, a été condamné jeudi par la cour d'assises d'appel du Haut-Rhin à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour l'assassinat de Sophie Le Tan en 2018.

Le procès en appel n'aura rien changé : Jean-Marc Reiser a été condamné jeudi à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté par la cour d'assises du Haut-Rhin pour l'assassinat de Sophie le Tan en 2018, une peine identique à celle prononcée en première instance. "Vous êtes reconnu coupable de l'assassinat de Sophie Le Tan", a déclaré la présidente de la Cour, Christine Schlumberger. L'accusé n'a manifesté aucune émotion à l'énoncé du verdict. "Je ne suis pas un monstre froid et sanguinaire", avait pourtant tenté de plaider l'homme de 62 ans dans sa dernière prise de parole. 

Jean-Marc Reiser a toujours contesté avoir prémédité son geste

S'il a reconnu avoir tué la jeune étudiante de 20 ans "dans un accès de fureur", puis l'avoir démembrée avec une scie à métaux avant d'aller enterrer les restes du corps dans une forêt, il a en revanche toujours contesté avoir prémédité son geste.

Mais les jurés n'ont pas suivi les arguments de cet homme au lourd passé judiciaire, jugé en état de récidive légale après une première condamnation pour viols et agressions sexuelles en 2003, et qui faisait face à son sixième procès d'assises. Ils ont suivi les réquisitions de l'avocat général et prononcé la même peine que lors du procès de première instance, tenu l'an passé devant la cour d'assises du Bas-Rhin à Strasbourg, la peine la plus lourde encourue.

Zones d'ombre

Ils ont répondu oui aux quatre questions qui leur étaient posées : l'accusé est-il coupable d'avoir volontairement commis des violences sur Sophie Le Tan ? Les violences ont-elles entraîné la mort ? Avait-il l'intention de donner la mort ? Avait-il prémédité ses actes ? Démembrée à la scie à métaux, Sophie Le Tan avait été enterrée en lisière de forêt. Le corps de l'étudiante de 20 ans avait finalement été découvert un an après par hasard, par des promeneurs en quête de champignons.

Presque cinq ans et deux procès d'assises plus tard, certaines zones d'ombre persistent, notamment la cause exacte de la mort de l'étudiante: l'état de décomposition du cadavre n'a pas permis de la déterminer.

Dans ces circonstances, deux versions se sont affrontées tout au long des huit jours de ce procès. L'accusation soutenait que cet ancien fonctionnaire de catégorie A, diplômé en archéologie byzantine, avait sciemment élaboré un stratagème pour attirer une étudiante dans un piège, la faire venir visiter son appartement qu'il avait mis en location avec des annonces sur le site LeBonCoin, afin de l'abuser sexuellement, avant de lui donner la mort, de manière préméditée.

La défense, au contraire, s'en tenait aux aveux du suspect, formulés en toute fin d'enquête, lorsque l'ensemble des experts avaient rendu des conclusions auxquelles il avait eu accès. Et qui lui permettaient donc peut-être d'adapter sa version...

Un "accès de fureur"

Selon son récit, il avait tenté, à l'issue de la visite de son appartement, de prendre la main de Sophie Le Tan et de lui faire la bise. Celle-ci l'avait alors repoussé en l'insultant, provoquant chez lui "un accès de fureur" qui s'était traduit par de multiples coups de pied et de poing.

L'étudiante de vingt ans, poids plume (1,55 m, moins de 55 kilos) face à un logeur baraqué (1,88 m, plus de 90 kilos à l'époque), se serait alors effondrée, percutant fatalement la cuvette des toilettes. La défense espérait ainsi que les jurés ne retiendraient que des "coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner", ce qui aurait impliqué une peine symboliquement moins lourde de 30 ans de réclusion.

"Quel que soit le choix que vous ferez, ce jeune homme de 60 ans (62 ans en fait, NDLR) finira vraisemblablement ses jours en prison", avait remarqué un de ses avocats, Me Emmanuel Spano dans sa plaidoirie mercredi. Alors "à quoi ça sert de dramatiser encore plus, d'en rajouter au travers de théories fumeuses ?" Les jurés en ont décidé autrement.