Un tram pour évacuer des Roms

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L’initiative de la RATP suscite un tollé auprès des syndicats et d'élus de l'opposition.

C'est pour affréter une centaine de Roms de Bobigny à Noisy-le-Sec que la RATP a mis, mercredi, à disposition de la police, l’un de ses tramways.

Durant cette évacuation du camp de Roms, des enfants auraient été séparés de leurs parents. "On a été sollicités par des familles et des parents inquiets qui cherchaient leurs enfants", raconte sur France Info Livia Ottal, coordinatrice de la mission Roms de Médecins du monde. L’ONG dénonce cette situation et appelle les policiers à ne jamais embarquer de mineurs isolés.

"Ça a provoqué un émoi"

A l’instar de Médecins du monde, les syndicats de la RATP se disent choqués par cette situation. "Ça a provoqué un émoi", explique Philippe Touzet, du syndicat Sud-RATP. "Ce n'est pas à nous de transporter des convois de personnes qui ne sont pas forcément volontaires pour montrer dans les tramways, surtout escortés avec des forces de police".

Le syndicaliste réclame des consignes strictes en interne "pour éviter que ce genre d'opérations ne se reproduise".

"Des souvenirs d’école et de cinéma"

Le conseiller général communiste Gilles Garnier, qui a assisté à la scène, a quant à lui tenu à rappeler le passé de la gare de Bobigny. Durant la Seconde Guerre mondiale, le lieu avait en effet joué un rôle central dans la déportation vers les camps de la mort de 22.000 Juifs. "La scène à laquelle je viens d’assister m’a rappelé des souvenirs d’école et de cinéma. Est-il commun de réquisitionner une rame complète de tram pour transporter uniquement des Roms ?"

Dans un communiqué, Jean-Paul Huchon dénonce, de son côté, "l’inhumanité et la brutalité" de cette opération. Le président socialiste de la région Ile-de-France demande au préfet du département, Christian Lambert, que toute la lumière soit faite sur cette affaire, n'excluant pas d'éventuelles sanctions.

Une initiative locale, selon la RATP

Après avoir nié ces accusations, la RATP a finalement reconnu les faits et même admis "un excès de zèle local". Forcée de s’expliquer sur les événements, la RATP précise que cette initiative a été prise de manière informelle. "C'est une décision prise localement dans une situation d'urgence face un quasi-blocage de la ligne", indique jeudi la RATP.

La Régie autonome des transports parisiens explique avoir mis à la disposition des policiers une rame du tramway T1 pour limiter les perturbations du trafic. L’évacuation des Roms en compagnie des autres usagers aurait suscité de nombreux retards sur la ligne. Mais "le tramway n'est pas fait pour ça", a reconnu le PDG de l'entreprise, Pierre Mongin.