Un évadé qui "n'accepte pas l'incarcération"

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avec Alain Acco , modifié à
INFO E1 - Ce fugitif dit avoir été violenté en prison. L'administration pénitentiaire dément.

L'info. "Ce centre de détention, c’est un concentré de violences. Si je retourne là-bas, ils me tuent". Voici la justification, avancée dans L'Écho Républicain mercredi matin, par Stéphane Raye, un prisonnier en cavale. Fin novembre, ce Tourangeau de 35 ans n'est pas revenu à la prison de Châteaudun, en Eure-et-Loir, au terme d'une permission de sortie de deux jours, disant donc craindre pour sa vie.

Interrogé par Europe 1, Pierre Duflot, le directeur interrégional des services pénitentiaires de Dijon-Centre-Est, conteste la version du détenu.

• La version du fugitif. Le fait de ne pas revenir à la prison au terme d'une permission est considéré par la loi comme une évasion. Pourquoi Stéphane Raye a-t-il fait ce choix, alors même qu'il devait bénéficier, fin décembre, d’une libération conditionnelle sous bracelet électronique ? Ce père de deux enfants raconte avoir voulu se soustraire aux pressions des dealers qui, selon lui, tiennent la prison.

S'il refusait de faire entrer de la drogue en prison, ses codétenus l'auraient menacé de s'en prendre à sa femme et ses deux enfants. Par peur de représailles, après avoir échoué à réceptionner la marchandise, lors d'une autre permission, il aurait donc décidé de se faire la belle.

• Celle de la pénitentiaire. Pour Pierre Duflot, cette escapade n'a d'autre raison "qu'une difficulté à accepter l'incarcération". Quant aux violences, "aucun élément particulier n'a émaillé sa détention, notamment avant sa permission de sortie. Ni au niveau du personnel pénitentiaire, ni au niveau de l'éducatrice qui le suivait, ni au niveau médical, il n'a été relevé de quelconque coup ou événement qui auraient pu être interprétés comme une contrainte physique qu'il aurait subie", précise le fonctionnaire de la pénitentiaire sur Europe 1, affirmant ainsi "être en décalage total avec ce qu'affirme le détenu".

13.09 prison surveillant illustration BANDEAU

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• Un passif de candidat à la belle. Alors incarcéré dans un autre établissement, à Tours, ce détenu avait déjà refusé de réintégrer sa cellule à deux reprises. En 2010, déjà, Stéphane Raye n'était pas rentré de permission. Son escapade, qui avait duré deux mois, lui avait valu une condamnation de six mois de prison supplémentaires. Rebelote en 2011, Stéphane se fait la belle pendant trois mois. Il est interpellé lors d'un contrôle routier en état d'ivresse et sans permis.

• La porte reste cependant ouverte. Pierre Duflot a souhaité malgré tout lancer un appel au détenu, "si cet individu se présente ou est arrêté, compte tenu de tous les éléments qu'il indique, il ne sera bien évidemment pas réintégré sur Châteaudun". Avant de répéter, en se voulant rassurant : "il peut se présenter devant n'importe quel établissement que ce soit, il ne sera pas réintégré à Châteaudun".