Licencié pour avoir aidé un handicapé

Makhlouf, chauffeur de bus, a été licencié après avoir ouvert les toilettes de l'entreprise pour laquelle il travaille à un handicapé.
Makhlouf, chauffeur de bus, a été licencié après avoir ouvert les toilettes de l'entreprise pour laquelle il travaille à un handicapé. © MAXPPP
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Tugdual de Dieuleveult
Un chauffeur de bus a perdu son emploi après avoir ouvert les toilettes de l’entreprise à un handicapé.

Il pensait bien faire. Mal lui en a pris puisque la situation s’est retournée contre lui. "Le 23 juillet dernier, Jean-Claude, un usager habitué de la ligne, m’a demandé à aller aux toilettes. Alors je lui ai ouvert l’accès de notre salle de pause, qui se situe sur l’esplanade de la gare RER de Torcy et qui est équipée de sanitaires", raconte Makhlouf, 48 ans, conducteur de bus sur la ligne 421 entre la gare de Vaires-sur-Marne à celle de Torcy.  

Si ouvrir les toilettes d’une entreprise privée peut paraître un acte anodin, cela va prendre une tout autre tournure pour Makhlouf.

Un acte anodin qui tourne à l’empoignade  

Un collègue du chauffeur passant par là, reproche à Jean-Claude de ne pas le saluer. "Ils ont eu des mots alors je me suis interposé, poursuit Makhlouf. Mon collègue m’a agrippé au col et je l’ai retenu".

L’altercation dure quelques minutes avant qu’un troisième agent sépare Makhlouf et son collègue. "Il est parti et m’a menacé de revenir avec un couteau de boucher », relate le chauffeur de bus. "Dans la foulée, j’ai porté plainte pour violences volontaires au commissariat de Noisiel" explique Makhlouf au Parisien

"Je suis viré comme un malpropre" 

L’échauffourée terminée, Makhlouf poursuit son travail de chauffeur sans trop se soucier des conséquences de son aide à Jean-Claude. Mais au mois de septembre, le chauffeur est convoqué par sa direction, la Compagnie d’exploitation automobile et de transports (Ceat) - une filiale du groupe européen Transdev. 

Un mois plus tard, le couperet tombe. Makhlouf est licencié pour "altercation physique et menaces à l’égard d’un collègue sur (le) lieu de travail" et "introduction d’un tiers dans un local privé". 

"Je suis viré comme un malpropre par une entreprise à qui j’ai donné 21 ans de ma vie, déplore le conducteur. On me reproche un geste humain. Mais comment refuser à un homme handicapé à 80% de satisfaire un besoin naturel" ? 

La Ceat campe sur ses positions 

"J’ai une pension à payer pour trois enfants et plusieurs crédits en cours!", ajoute Makhlouf  inquiet pour son avenir.  De son coté, la Ceat explique que ce local est "gracieusement mis à disposition » par la RATP dont le règlement précise que « l’accès aux tiers est interdit, handicapé ou pas".

Selon le directeur d’exploitation de la Ceat, ce sont plutôt les conséquences du geste de Makhlouf vis-à-vis du handicapé qui a motivé son renvoi : "Car en plus d’enfreindre l’interdiction d’accès, cela a entraîné l’altercation avec son collègue".