Fusillade à Saint-Ouen : "c'est devenu Marseille"

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avec Marguerite Lefebvre et AFP , modifié à
Trois personnes ont été prise pour cible par quatre hommes encagoulés jeudi, dans la Cité Cordon de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Deux sont grièvement blessés.

Trois personnes ont été blessées, dont deux grièvement, après avoir été prises pour cible jeudi à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, par quatre individus cagoulés, qui sont parvenus à prendre la fuite, a-t-on appris de sources concordantes. "Quatre individus cagoulés ont foncé sur les victimes, ont tiré à plusieurs reprises avant de prendre la fuite à bord d'un véhicule", ont décrit ces sources, précisant qu'une "douzaine de douilles" avait été retrouvées sur le sol. Il s'agit très probablement d'une fusillade liée à des trafics de stupéfiants. ces dernières années, la ville, située aux portes de Paris, est devenue une plaque tournante du trafic de drogues. Si bien qu'aujourd'hui, les habitants sont excédés.

Pronostic vital engagé. L'agression a eu lieu vers 16 heures, au sein de la Cité Cordon, à Saint-Ouen, une ville située juste de l'autre côté du périphérique, au nord de Paris. "Les pompiers sont sur place : trois individus ont été blessés, deux sont dans un état grave" et leur pronostic vital est engagé, a ajouté une source judiciaire. Les trois victimes sont âgées d'une vingtaine d'années. La police judiciaire de Seine-Saint-Denis est chargée de l'enquête sur cette agression, dont les motifs restent encore inexpliqués.

"C'est peut-être le match retour". "On peut faire le parallèle avec ce qui s'est passé la veille, où il y avait déjà eu des coups de feu. Donc c'est peut-être le match retour qui a eu lieu jeudi après-midi", explique au micro d'Europe 1 Stéphane Font, représentant du syndicat Alliance. Depuis plusieurs années, certains quartiers de la ville sont considérés comme des supermarchés du trafic de stupéfiants aux portes de la capitale. "Cela s'intensifie. Des coups de feu ont été tirés à la Kalachnikov le weekend dernier dans la  Cité Soubise (un autre quartier de Saint-Ouen,Ndlr) . C'est une guerre de territoires pour le trafic de stupéfiants qui se joue à Saint-Ouen, avec des bandes qui règlent des comptes", poursuit le syndicaliste policier. 

"Beaucoup de points de deal référencés". "Saint-Ouen est une plaque tournante du trafic de stupéfiants, du fait de la proximité de Paris, et donc d'acheteurs parisiens potentiels en masse. On a beaucoup de points de deal qui sont référencés", détaille Stéphane Font. "Des moyens ont été mis à Saint-Ouen, il fut un temps, avec beaucoup de CRS. Il y a un peu moins de CRS aujourd'hui. On peut ne pas s'étonner de voir que des endroits qui étaient surveillés par les CRS avant se retrouvent maintenant un petit peu abandonnés. On se retrouve avec des drames qui pourraient être encore plus graves et se terminés avec des morts", regrette-t-il.

"Notre sécurité est menacée". Une situation qui inquiète de plus en plus les habitants des quartiers sensibles de Saint-Ouen. A l'image de Malika, qui habite dans l'une des tours de la cité des cordons, où a eu lieu la fusillade jeudi. Depuis son appartement du 7e étage, elle a entendu les rafales de kalachnikov sous son immeuble. Un règlement de comptes qui ne l'étonne pas vraiment. Car depuis qu'elle s'est installée dans ce quartier, elle croise des dealers tous les jours. "On entend dans la journée des gens qui se mettent à hurler, ils doivent prévenir, veiller aux passages de police. C'est assez régulier. Moi je trace ma route, je rentre chez moi, je ne cherche pas les problèmes. Mais c'est vrai que c'est impressionnant", reconnaît-elle au micro d'Europe 1.

Impressionnant et de plus en plus violent, constate Chantal, qui habite dans cette cité depuis 36 ans. "Maintenant c'est devenu Marseille. J'ai peur, j'envisage de partir, notre sécurité est menacée", s'alarme-t-elle.

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