Vendredi après-midi, au Fouquet’s, sur les Champs-Elysées. Deux femmes en niqab se sont attablées sur la terrasse du célèbre restaurant, accompagnées de Rachid Nekkaz, porte-parole de l'association "Touche pas à ma Constitution". Leur objectif ? Inciter "les femmes qui le souhaitent" à "la désobéissance civile", et donc à "continuer de porter le voile intégral", malgré l’entrée en vigueur de la loi lundi. Celle-ci prévoit une amende de 150 euros en cas de dissimulation du visage dans un lieu public.
Interrogé par Europe 1, Rachid Nekkaz explique cette démarche. "On veut montrer qu’une femme voilée peut s’attabler à une terrasse sans problème. Nous avons choisi le Fouquet’s car c’est un lieu symbolique, cher à Nicolas Sarkozy".
"Aucune femme verbalisée"
Rachid Nekkaz prévient que : "si le président Sarkozy verbalise des femmes portant le niqab, j’attaquerai l’Etat français auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme" car, estime-t-il, "cette loi va à l’encontre des libertés fondamentales".
De toute façon, il précise que son association a créé "un fond d'un million d'euros" pour aider les femmes à payer leurs éventuelles amendes.
Mais celui qui était déjà à l’origine du happening sur le parvis de Notre-Dame de Paris conteste les chiffres officiels. "J’ai vérifié les chiffres, il n y a pas eu de femme verbalisée" depuis lundi, assure-t-il, alors même que Philippe Richert, ministre chargé des Collectivités territoriales, avait annoncé mardi devant l’Assemblée nationale que quatre femmes avaient été arrêtées.
Alors qu’il annonce qu’"il y aura d’autres happenings de ce genre", Rachid Nekkaz en profite pour rappeler qu'il est "candidat à l’élection présidentielle de 2012".
"Rien n’a changé"
Hind, une des deux femmes présentes au Fouquet’s, soutient la démarche. "Il ne faut pas confondre politique et religion", affirme-t-elle, avant d’ajouter que "rien n’a changé" pour elle depuis l’instauration de la loi.
La jeune femme, en voile couleur chocolat, raconte qu’elle n’a "pas de problème" à montrer son visage lorsqu'on lui demande, notamment dans les services publics. Sa présence en terrasse a tout de même attisé la curiosité des passants - principalement des touristes -, qui posent des questions, et tentent de prendre des photos.
Après plus d’une heure, le trio s’est rendu devant un autre lieu symbolique des Champs-Elysées, le magasin Louis Vuitton. Et lorsque les caméras se sont éloignées, Rachid Nekkaz, Hind et la deuxième jeune femme ont hélé un taxi et s‘y sont glissés, évitant ainsi d’être verbalisés par les policiers présents sur la plus belle avenue du monde.