Cité-Radieuse sous surveillance

Le feu a détruit onze appartements de la Cité radieuse de Marseille, conçue par Le Corbusier.
Le feu a détruit onze appartements de la Cité radieuse de Marseille, conçue par Le Corbusier. © MAXPPP
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avec Nathalie Chevance, à Marseille, et AFP , modifié à
Le sinistre qui a touché le célèbre bâtiment marseillais a fait six blessés.

Un incendie a détruit jeudi plusieurs appartements de la Cité radieuse de Marseille, le "village vertical" érigé entre 1945 et 1952 par Le Corbusier et surnommé la "maison du fada" par les Marseillais. Au total, huit appartements et quatre chambres de l'hôtel intégré à la structure ont été détruits par les flammes.

"On n'a pas de reprises depuis plus de deux heures" a indiqué jeudi matin au micro d'Europe 1 le capitaine de frégate Guy Velu, qui commande les secours. "On est en train de vérifier avec des caméras thermiques l'ensemble des niveaux et l'ensemble des volumes pour s'assurer qu'il n'y a vraiment aucun point chaud", a-t-il ajouté.

Le pronostic vital engagé pour une nonagénaire

Le feu, qui s'est déclaré jeudi après-midi, a fait plusieurs blessés légers, quatre civils intoxiqués par les fumées et deux membres des secours victimes de traumatismes aux membres. Le pronostic vital est en revanche engagé pour une femme de 91 ans qui a lourdement chuté.   
     
La violence du sinistre a nécessité dans la nuit l'évacuation des 337 appartements-duplex de l'édifice, soit environ 1.600 personnes qui ont trouvé refuge dans un gymnase aménagé ou chez des proches.

Plus de deux cents hommes ont été engagés au plus fort du feu ainsi qu'une cinquantaine d'engins de secours. Au coeur de la nuit, ses hommes se sont efforcés de noyer l'ensemble des gaines avec de la mousse, à partir de trouées au 7e étage. Des équipes étaient disposées dans les logements mitoyens de ceux sinistrés, tandis que d'autres arrosaient les cloisons et que chaque étage était inondé de 5 à 10 cm d'eau.

Regardez ces images filmées par France 3 Provence dans l'après-midi :

Tous les habitants évacués

Beaucoup de résidents avaient déjà quitté les lieux pour la nuit, l'électricité ayant été coupée dans l'après-midi. Mais la plupart d'entre eux ne s'attendaient pas à cette évacuation générale. Certains sont restés un long moment, dans le froid, à regarder les flammes se propager. Les 334 appartements ont été visités, un par un et plusieurs fois dans la soirée, par les marins-pompiers pour s'assurer que plus personne ne se trouvait à l'intérieur. La Cité radieuse abrite environ 1.500 personnes.

Des bus chauffés ont été mis en place pour accueillir les résidents, et au total seules une douzaine de personnes ont demandé à être accueillies à l'hôtel, les autres ayant trouvé à se reloger le temps de l'évacuation.

"Un piège à pompiers"

Le feu est parti d'un duplex du premier étage, puis s'est propagé à l'appartement de l'étage supérieur, du fait "du fort potentiel calorifique présent (plancher, murs et mobilier de bois)", ont expliqué les marins-pompiers. "C'est un piège à pompiers. Si on peut faire un parallèle, on dirait que ça ressemble à un feu de navire, mais avec un navire où il n'y aurait aucune cloison étanche. On ne peut pas circonscrire le sinistre à la zone où il se développe", explique sur Europe 1 José Allegrini, adjoint au maire en charge de la sécurité.

"C'est un monument historique qui date de 1952 et qui n'est donc pas soumis aux règles de sécurité des immeubles de grande hauteur telles qu'elle existent aujourd'hui. Et la commission de sécurité a eu les plus grandes difficultés avec l'architecte des bâtiments de France, parce que justement les systèmes de sécurité incendie portaient un peu atteinte à l'esthétique de l'immeuble. Mais il y a des moment où l'esthétique, il faut s'assoir dessus", a-t-il dénoncé.

Déjà un incendie en 2004

Situé dans le 8e arrondissement de Marseille, la Cité radieuse se présente comme un "village vertical", de neuf étages de haut, intégrant des commerces, un hôtel de 21 chambres, et des équipements collectifs, comme une école maternelle. L'immeuble avait déjà connu un incendie en septembre 2004. Le sinistre avait détruit au matin un appartement et sérieusement endommagé un second, sans faire de victime. Déjà, il s'était déclaré dans un appartement du premier étage, avant de se propager à celui du dessus. Les marins-pompiers avaient sauvé des flammes une locataire qui s'était réfugiée sur son balcon.