Blanchiment : une élue parisienne EEVL mise en examen

© MAXPPP
  • Copié
avec Pierre de Cossette , modifié à
- Elle est soupçonnée d'avoir blanchi de l'argent lié à un trafic de drogue. 8 autres personnes sont mises en examen.

Florence Lamblin, adjointe au maire du 13e arrondissement de Paris, a été mise en examen dans une affaire de blanchiment d'argent lié à un trafic de drogue. Elle fait partie des 17 personnes interpellées cette semaine lors du démantèlement d'un réseau franco-suisse de blanchiment de fonds liés au trafic de drogue.

Outre l'élue d'Europe-Écologie-Les-Verts, huit personnes ont été mises en examen pour blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs. Tous les mis en examen ont été placés sous contrôle judiciaire avec un cautionnement allant de 80.000 à un million d'euros.

Des comptes en Suisse

Mercredi matin, lors d'une perquisition au domicile de Florence Lamblin, architecte de profession, les enquêteurs ont découvert des liasses de billets. 375.000 euros en liquide retrouvés à son domicile, mais aussi dans deux coffres forts.

Lorsqu'elle avait besoin de liquide, la maire adjointe du 13e arrondissement appelait sa banque localisée en Suisse et tenue par une famille spécialisée dans le blanchiment. Quelques heures plus tard, un livreur apportait la somme, en cash, dans un café.

En garde à vue, l'élue a nié avoir connaissance de l'origine de l'argent. Samedi, Yves Contassot, élu EELV du 13e arrondissement de Paris, a indiqué que sa collègue lui avait assuré "par SMS qu'elle n'y était absolument pour rien". Décrivant Florence Lamblin comme une personne "très réservée, très discrète", Yves Contassot a par ailleurs dénoncé une "tentative d'instrumentalisation politique" : "c'est la seule dont le nom est jeté en pâture", s'est étonné Yves Contassot.

L'instruction devra déterminer si l'élue pensait simplement profiter d'une combine pour rapatrier, sans payer d'impôt, des fonds cachés à l'étranger.

Un réseau basé sur le trafic de drogue

Cet argent provenait en tout cas d'un réseau basé sur le trafic de drogue, du cannabis importé du Maroc et écoulé en région parisienne. Au total, 8 tonnes en 6 mois ont été vendus, soit 40 millions d'euros de bénéfices.

Un circuit très sophistiqué mis au jour par les policiers de l'office central des stups (OCRTIS) et de la grande délinquance financière (OCRGDF) de la direction centrale de la police judiciaire. L'argent de la drogue était ensuite remis à des "cols blancs" parisiens : avocats, chefs d'entreprise, publicitaires etc. tous titulaires d'un compte bancaire bien garni en Suisse.

Des millions d'euros investis au Maroc

En échange de ce cash non déclaré, une somme équivalente était prélevée sur leurs comptes, transféré ensuite à des sociétés offshore jusqu'au Panama. A l'arrivée, des millions d'euros ont été investis dans de l'immobilier, au Maroc. Fin de la boucle, retour dans le giron des organisateurs du trafic de cannabis.

Cette semaine, les policiers français et Suisses avaient saisi plus de 2 millions d'euros, des photos d'art, des lingots d'or, 160 montres de collection etc. Du jamais vu en France dans la lutte contre le blanchiment.