Bettencourt : la défense plaide le libre choix de la "fée Liliane"

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Chloé Pilorget-Rezzouk avec AFP , modifié à
Lors de cette journée consacrée aux plaidoiries de la défense, l’avocat du principal prévenu, François-Marie Banier, a affirmé que Liliane Bettencourt était libre de ses choix envers le photographe.

La défense de François-Marie Banier, principal des dix prévenus au procès Bettencourt, a farouchement plaidé, mercredi, l'idée d'un libre "choix" de la "fée Liliane" Bettencourt en faveur de son ex-confident et ami, couvert de donations et libéralités à hauteur de 400 millions d’euros selon le tribunal correctionnel de Bordeaux.

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La milliardaire, libre de ses choix. Banier, "c'est le choix qu'elle a fait", a ainsi affirmé Me Laurent Merlet, le premier des avocats de l'artiste à s’exprimer, après cinq semaines d’audiences consacrées au volet "abus de faiblesse" de l’affaire Bettencourt. "On peut trouver choquant de choisir un ami pour le couvrir d'or, mais cela n'en fait pas un acte abusif" du point de vue du droit, a rappelé l'avocat, qui a plaidé la relaxe de celui qu’il qualifie comme un "être atypique qui a tant plu à différentes personnes". Trois ans de prison et 375.000 euros d'amende ont été requis par le parquet à l’encontre du photographe et dandy de 67 ans, soit la peine maximale. Il est soupçonné d'avoir bénéficié de 400 millions de dons et donations de la part de la Liliane Bettencourt, aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle. Toutefois, pour Me Merlet, il ne reste que "104 millions d'euros".

L'avocat a souligné que l’héritière de l’Oréal avait "parfaitement conscience" au fil des années de sa propre situation : de ses douleurs, de ses hauts et de ses bas, par exemple fin 2006 après sa chute lors de vacances aux Baléares. Ou même conscience de qui est Banier lui-même, a plaidé sa défense, lorsqu'en 2010 elle lui écrit une lettre lucide, à la veille d'une comparution à Nanterre, lui demandant : "Gardez votre sang-froid, maîtrisez vos impulsions". 

Banier, "un chien fou, mais pas un manipulateur". S'appuyant sur nombre de lettres de la milliardaire à François-Marie Banier, Me Merlet s'est attaché à mettre en relief le libre arbitre de la vieille dame, au moment des dons, d'actes notariés qui pour beaucoup n'étaient que "confirmations de décisions" prises des années auparavant, parfois dans les années 1990, bien avant la période (2006-2010) des faits poursuivis.

Et, chaque année, "la fée Liliane régularise les dons, les donations". "On ne va pas mentir, il est content d'être noyé sous cet or", a convenu l'avocat à propos de son client. Mais, là encore, "ce n'est pas un acte abusif". Un peu plus tard, l’autre avocat de François-Marie Banier, Me Pierre Cornut-Gentille, reconnaîtra au sujet de son client : "La vérité de Banier, c'est que c'est un enfant. Il ne sait pas s'arrêter, il est excessif, c'est un chien fou, mais pas un manipulateur."

Avec lui, elle parlait comme avec son père. Enfin, dans un moment émouvant, plongeant au cœur de la profonde déchirure mère-fille chez les Bettencourt, Me Merlet a lu une lettre de Liliane Bettencourt datant de 2003. Celle-ci, qui ne devait être ouverte qu'après sa mort, a été découverte chez le notaire Jean-Michel Normand. "Pouvez-vous dire à ma fille que j'ai écrit une ou deux fois par jour pendant 15 ans à François-Marie Banier?", y demande la vieille dame au notaire. " Je parlais à François-Marie comme je parlais avec mon père. Je n'ai pas pu parler à ma fille depuis son mariage..." S’appuyant sur ces pièces, l’avocat de la défense a fustigé la façon dont la milliardaire avait été décrite par le ministère public, avec les termes "cette chose", "cette marionnette », avant de conclure : "Respectez-la dans ses choix!"

Le jugement a été mis en délibéré au 28 mai prochain, à 14 heures.

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