À Valence où vivent près de 15.000 Arméniens

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Chaque matin, Justin Morin revient sur un lieu qui a marqué l'actualité. Mercredi, il se trouve rue d'Arménie, à Valence, à l'occasion de la journée de commémoration du génocide.

En ce 24 avril 2019, première journée de commémoration du génocide arménien en France, je suis devant une sculpture noire, un personnage sans visage, courbé, qui témoigne de la souffrance d’un peuple. Je suis rue d’Arménie à Valence où vivent près de 15.000 Arméniens devant cette stèle à la mémoire des victimes du génocide.

Alors ici-même s’est déroulée une veillée mardi soir. Les enfants ont chanté puis les 100 personnes présentes ont prié. Les Madargh, des sandwichs au poulet, ont été bénis puis distribués. J’ai rencontré Sylva et Joséphine au moment de leur préparation en cuisine. "C'est un symbole particulier, 'madargh' veut dire offrande, pour l'âme de nos morts pendant et après le génocide", expliquent-elles. "Pendant qu'on prépare ça, je pense à mes grands-parents que je n'ai pas connus et c'est très émouvant." Et des histoires d’absence comme celle-là, j’en ai entendu beaucoup depuis que je suis arrivé.

Statue génocide arménien, Valence crédit : Justin Morin / Europe 1

© @Justin Morin / Europe 1

Pourquoi cette date du 24 avril est si particulière pour les Arméniens ?

Parce qu’elle fait rejaillir toute la révolte et la tristesse liées à ce drame. La révolte parce que la Turquie n’a toujours pas reconnu le génocide et la tristesse parce que, comme le rappelle Krikor Amirzayan, co-président du C24 qui organise les commémorations, ce 24 avril 1915 marque le début des massacres. "600 intellectuels ont été arrêtés dans la nuit, une rafle de la police à Constantinople. Ils ont été déportés et massacrés. Très peu ont eu la vie sauve. Et quand vous arrêtez des intellectuels, vous arrêtez la tête de la nation. Cette tristesse est là depuis 104 ans et elle nous poursuit."

Une chanson raconte l’assassinat d’un intellectuel dans un village arménien. Elle sera interprétée mercredi soir, devant la stèle rue d’Arménie par cette jeune chanteuse, elle s’appelle Ankiné. "Les premières paroles sont 'Le peuple pleure la mort de cet homme' et c'est une personne parmi tant d'autres. Donc si ça a été si douloureux... Des millions de personnes ont été touchés. Et j'espère qu'à travers mon chant, ma voix, on réussisse à transmettre cette douleur et cette souffrance." J’espère que vous aussi, chez vous, dans votre cuisine, dans votre voiture, n’importe où, vous aussi, vous ressentez tout cela.