Chaque jour, Vincent Hervouët traite d’un sujet international.
Bonjour Vincent, ce jeudi on se penche sur la nouvelle affaire Benalla. Il était au Tchad, trois semaines avant le Président Macron. L’Elysée jure que cela n’a rien à voir, l’intéressé se vexe et accuse l’entourage du Président de le calomnier.
Les tribulations d’un tchatcheur au Tchad ! Son prénom lui va bien, Alexandre Benalla comme Alexandre le bienheureux, Alexandre Dumas le romancier ou Alexandre Djouri si romanesque. Quand on connaît un peu les palais africains, on n’est pas surpris d’y retrouver un Blanc qui présente bien, qui n’a pas froid aux yeux, digne d’éloges, ancien du service d’ordre du parti au pouvoir bombardé grand spécialiste de la sécurité. En Afrique de l’Ouest, on respecte ce qu’on appelle "les corps habillés". Il n’y a pas que Tintin dans l’Oreille cassée, qui devient colonel avec un bel uniforme bleu layette. En Afrique aussi, de simples gendarmes brigadiers ont pu se hisser d’un coup d’Etat, d’un seul, au grade de lieutenant-colonel.
Mais tout cela n’est pas très "nouveau monde", c’est plutôt l’Afrique de Papa. Ça rappelle le Gorille, les manigances de Foccart, mais avec la frime en plus, le jet privé, le tête à tête avec le satrape et le fric pour l’Afrique, le contrat à 250 millions de dollars qui va donner du travail à 3.000 Tchadiens. Un rêve éveillé, un rêve de Blanc.
Vous voulez nous dire que la France-Afrique est de retour.
Il y a deux grandes différences entre les barbouzes d’hier et les réseaux affairistes actuels. L’argent évidemment. Jacques Foccart voulait préserver l’influence française, pas se remplir les poches. Secondo, les Africains tiennent désormais le manche. Le SDECE et la DGSE ont amené Hissene Habré et Idriss Deby au pouvoir. Paris jouait avec les Tchadiens comme on joue avec les cubes. Maintenant, c’est plutôt l’inverse. C’est d’ailleurs à N’Djamena qu’on fournit les détails sur ce voyage d’Alexandre Benalla qui embarrasse l’Elysée.
En fêtant le réveillon au Tchad avec les militaires, Emmanuel Macron a joué son rôle de chef des armées. Le général Deby est notre meilleur allié au Sahel. Emmanuel Macron ferme les yeux sur les crimes qu’on lui prête, la guerre a sa morale. Les affairistes n’en ont aucune. Il faut être sans foi, ni loi pour tenter de se placer auprès d’un fauve couvert de sang comme Idriss Deby. Il règne sur un peuple misérable dans un pays qui devrait être un émirat pétrolier. C’est ce qui fait rêver les affairistes. Là est le vrai scandale Benalla.