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Le président malien Ibrahim Boubacar Keita a dissolu son gouvernement et nommé mardi un cabinet restreint qui aura la charge d’intégrer l’opposition à la gestion future du pays. Une volonté d'union nationale pour stabiliser le pays, sous la pression des autres dirigeants africains.

C’est un peu le compromis de la dernière chance pour le Mali où le président Ibrahim Boubacar Keita a finalement accepté de dissoudre son gouvernement et il a nommé hier un cabinet restreint qui aura la charge d’intégrer l’opposition à la gestion future du pays.

Oui, l’idée c’est créer un gouvernement d’union nationale pour essayer de sortir de cette crise politique permanente dans laquelle le Mali semble se complaire et qui affaibli terriblement ce pays. Il est en proie aux exactions des groupes terroristes dans le nord et dans le centre, ce qui ne facilite pas la situation.

Mais le vrai problème c’est que règne dans la capitale, à Bamako, une classe dirigeante corrompue qui passe l’essentiel de son temps en chicaneries internes au lieu de s’attaquer sérieusement à rebâtir une administration fonctionnelle dans les zones les plus touchées par le conflit et qui ont terriblement besoin d’une économie, d’une armée, d’une justice, d’un système éducatif, de voir revenir sur le terrain l’Etat malien et pas seulement d’y croiser les troupes françaises.

C’est ce que réclame la communauté internationale depuis le début de l’intervention militaire contre les djihadistes en 2013.

Oui, ça fait des années que ça traîne, ce qui a nourrit un fort sentiment d’abandon dans la population, particulièrement dans la jeunesse. Au point que le 10 juillet dernier, des manifestations monstres ont embrasé la capitale pendant trois jours, tournant à l’émeute. Il y a tout de même eu entre 11 et 23 morts dans les échauffourées avec la police, de qui est du pain béni pour les groupes terroristes qui ne peuvent que prospérer dans ce type de situation chaotiques.

C’est vraiment le ferment,le terreau qui leur permet de recruter et c’est la raison pour laquelle cette fois les chefs d’Etats africains de la région sont sortis de leur réserve, qu’ils sont intervenus ce week-end avec une extrême fermeté pour imposer aux autorités maliennes une solution de compromis avec leur opposition. La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest, qui est un peu le marché commun de cette zone sahélienne a même menacé de recourir à des sanctions en cas de refus ou de tergiversations de la part des responsables politiques maliens.

Donc le président IBK,c’est le surnom local d’Ibrahim Boubacar Keita, a cédé à ces injonctions qui par ailleurs lui permettent de rester au pouvoir et il a pris langue cette nuit avec ses opposants. Pour autant il n’est pas certain qu’ils acceptent de tous participer à un gouvernement d’union nationale car la contestation malienne est une coalition très hétéroclite qui allie les syndicats étudiants, le mouvement islamo-conservateur de l’imam Dicko, les intellectuels démocrates et la jeunesse péri-urbaine paupérisée qui, elle, n’est pas du tout organisée.

En fait c’est très représentatif de la diversité malienne.

Oui et c’est d’ailleurs tout l’intérêt. Si la mayonnaise prend, on aura pour le coup un gouvernement avec un socle assez large donc, espérons-le, plus stable. Or la stabilité, c’est vraiment se dont a besoin l’opération Barkhane pour pérenniser ses succès militaires.