Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Le Conseil de l’Europe déclare que Donald Trump n’est plus le leader moral de la planète, qu’il ne peut plus parler au nom du monde libre.
Attention, ne pas confondre le Conseil de l’Europe et le Conseil européen. Ils ont le même drapeau, logent tous les deux à Strasbourg, mais ils n’ont rien à voir. Le Conseil de l’Europe rassemble tous les pays du continent et même au-delà, il y les Russes et les Turcs, l’Islande et la Géorgie. C’est un forum est-ouest, qui mouline du Droit. Il y a un Secrétaire général. Le mot important, c’est général : il dénonce Donald Trump comme s’il lui arrachait ses galons.
Qui est-ce ?
Il s’appelle Thorgjørn Jagland. Un Norvégien, toute une carrière d’apparatchik travailliste. Le bâton de maréchal du secrétaire général, c’est d’avoir présidé le Comité du Prix Nobel de la paix. En 2009, il l’a décerné à Barack Obama qui n’avait encore rien fait mais qu’il fallait encourager. Normal qu’il condamne aujourd’hui Donald Trump qui en fait toujours trop et que personne n’arrive à décourager. En 2011, autre choix contestable, la Yéménite Tawakol Karman, visage juvénile des sœurs musulmanes. Là encore, il y a une logique puisque Thorgjørn Jagland considère que "combattre le fondamentalisme musulman est un combat superflu qui ne peut conduire qu’à la confrontation".
En 2017, l’Europe a encaissé deux fois plus d’attentats islamistes qu’en 2016. Si les Américains avaient défendu le monde libre avec des idées pareilles, le chancelier Hitler serait mort de vieillesse ou alors, on serait tous soviétiques, camarade Cohen.
Cette déclaration montre le fossé d’incompréhension qui s’est creusé avec l’Amérique.
Le traitement des clandestins à la frontière mexicaine avec les enfants séparés des parents nous scandalise d’autant plus que notre continent est hanté par les génocides du siècle dernier. Donald Trump est un repoussoir, qui ne déçoit jamais. Il donne aux progressistes un délicieux sentiment de supériorité morale. Mais il y a deux choses à méditer. D’abord, un chiffre tombé hier : les États-Unis ont accueilli en 2017 davantage de demandeurs d’asile que tous les autres pays de l’Ocde. 330 000, chiffre en augmentation de 26%. Ensuite, une remarque : la confusion règne dans ces affaires d’immigration entre la politique et la morale.
Sauver des naufragés est un devoir moral élémentaire et relève du droit de la mer. Ouvrir ses portes aux étrangers est un choix politique. La politique sert à trouver les moyens d’assurer la paix civile, à protéger la société contre les menaces, à assurer que la nation perdure pour les générations futures. La politique n’édicte pas d’obligations morales. Le Conseil de l’Europe n’est pas une église. Il n’est pas payé pour sermonner. Son Secrétaire général n’est pas juge au tribunal de l’inquisition. Il parle au nom du monde libre, mais la Norvège se tient prudemment sous le parapluie de l’Otan et n’a pas risqué un seul soldat au Sahel ou en Syrie.