Teresa May cède face aux députés : l’inextricable imbroglio du Brexit

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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

Un sursis pour le Brexit. Ce mardi à la chambre des Communes, Teresa May était sous pression. Ses ministres menaçaient de démissionner et elle s’est résignée. Teresa May accepte d’envisager un report du Brexit.

Teresa May a cédé. Son chantage a fait long feu. Elle a joué la montre, elle a perdu. La date butoir étant la fin mars, elle laissait aux députés un seul choix : l’accord avec Bruxelles et qu’ils ont déjà rejeté mais qu’elle tente d’amender et de faire briller, ça donc… ou rien ! Elle s’est employée à vider le sablier pour qu’ils n’aient plus le temps de chercher un plan B, une échappatoire, un nouveau premier ministre. Qu’il n’y ait qu’une alternative, le deal avec le fameux backstop irlandais qui leur fait horreur ou pas de deal du tout. La cohabitation avec l’Union européenne ad vitam eternam ou le célibat mais à la rue, en chemise.
Dans le smog du Brexit, il y avait jusqu’ici une certitude, une seule : le 29 mars (à minuit-l’heure-du-crime), mais à 23 heures au méridien de Greeenwich qui coupe Londres en deux, les Britanniques verront disparaître le Carrosse européen si décrié pour retrouver leur bonne vieille citrouille 100% rosbeef.
Sauf que ce mardi soir, elle a cédé. Ses ministres l’ont lâché. Si les députés rejettent le deal, puis rejettent le no-deal, ils pourront demander un sursis, une extension courte et limitée.

Est-ce que l’Union Européenne va accepter cette prolongation ?

Vendredi ici même, le commissaire Barnier très sévère expliquait avec son ton inimitable que l’Europe n’avait pas besoin de temps mais de décision.
Dimanche ici même, le commissaire Moscovici implacable expliquait qu’il restait 33 jours, pas un de plus, aux Britanniques pour dire ce qu’ils veulent.
Et puis, tel un juge de paix, Donald Tusk, le président du Conseil européen Donald Tusk a admis qu’un "délai supplémentaire serait une solution rationnelle".
On rigole jaune au commissariat.
La morale de l’histoire, c’est que les Britanniques participent aux conseils européens depuis un demi-siècle. Ils sont contaminés. Le reflexe communautaire, c’est toujours de mettre la poussière sous le tapis. La devise de l’Europe, ce n’est pas l’Union fait la force. Ce n’est pas : "Vive les normes, à bas les nations !". La vraie devise, c’est qu’il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne finisse par régler.
Conclusion : ce Brexit chaotique va continuer à occuper l’horizon. Au-delà des élections européennes. Jusqu’à l’été. Et le reste attendra.

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