Chaque jour de cette semaine, Didier François traite d’un sujet international.
Bonjour Didier, l’Amérique ne veut plus être le gendarme du monde, c’est Donald Trump qui l’a déclaré hier en Irak lors d’une visite surprise à ses troupes.
Effectivement, et a priori on pourrait être tentés de croire que c’est plutôt une bonne nouvelle. Les interventions militaires n’étant évidemment pas une panacée. Les guerres ça coûte cher, surtout dans des contrées lointaines par nature compliquées. Et puis elles ont tendance à durer, ne se concluant que très rarement par des victoires éclatantes. Donc de ce point de vue-là, on ne peut que se réjouir du pacifisme affiché par la Maison Blanche.
Seulement le problème c’est qu’un abandon du champ de bataille, surtout en plein milieu d’un combat, n’a jamais fait disparaître ses adversaires, bien au contraire. Et aujourd’hui ceux qui se réjouissent le plus bruyamment du splendide isolationnisme prôné par Donald Trump, ce sont les pires ennemis de l’Amérique.
A commencer par les djihadistes de l’Etat islamiste
Absolument. Ils n’arrivent d'ailleurs pas à croire à une telle aubaine. Et qui l’ont d’ailleurs fêté à leur façon, en Afghanistan, par une attaque meurtrière en plein cœur de Kaboul. Bilan : 43 morts et 25 blessés quelques heures seulement après la déclaration de Donald Trump. En Irak et en Syrie l’affaire est encore plus incroyable. Le Califat de Daech était pratiquement défait, après une campagne difficile, de cinq ans. Or l’arrêt brutal de la pression militaire sur son dernier bastion donne à l’organisation terroriste une bouffée d’oxygène inespérée.
Et l’occasion de réorganiser ses structures clandestines pour frapper en Europe, et peut-être un jour aux Etats-Unis.
Parce que la guerre menée en Irak et en Syrie permettait de protéger nos pays des attentats de grande ampleur.
Exactement, une assurance qui n’a pas de prix mais comme elle fonctionne. On l’oublie trop souvent. Un chiffre pourtant devrait nous mettre la puce à l’oreille. Les Kurdes détiennent dans leurs prisons 584 épouses de djihadistes et leurs 1.250 enfants. On en parle beaucoup, mais ils ont également capturé pas moins de 900 combattants étrangers de 44 nationalités différentes. Parmi ces détenus plusieurs français comme Thomas Barnouin, Thomas Collange, ou bien Adrien Guihal, qui avait revendiqué l’assassinat d’un couple de policiers à Magnanville dans les Yvelines, en juin 2016, puis l’attentat de Nice le 14 juillet de la même année.
Or que se passera-t-il lorsque la Turquie, ou le régime syrien, décideront de s’attaquer aux Kurdes pour les punir d’avoir été de fidèles alliés des Occidentaux ? Et bien on risque fort de retrouver ces terroristes dans la nature, libres de frapper à nouveau. Parce qu’un monde sans gendarme, ce n’est pas obligatoirement un monde en paix.