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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

Donald Trump réclame aux Européens qu’ils rapatrient leurs djihadistes de Syrie.

Alors que ses ministres et généraux tergiversent, dans son canapé planté devant Fox News, Donald Trump s’impatiente.
Son raisonnement est simple comme un tweet.
Le califat est liquidé, chacun doit rentrer chez soi. Les 2.000 Américains à la maison, l’armée de Bachar el Assad dans sa province du nord et les djihadistes d’où ils sont venus. Donald Trump ne voit pas pourquoi il paierait plus longtemps les Peshmergas pour qu’ils nous servent de garde chiourmes dans un Guantanamo provisoire.
Faut qu’on… Y a qu’à…
Et c’est là qu’on réalise que la guerre civile est la pire des guerres, jusque que dans l’après-guerre. Tant que les djihadistes sont au combat, on les écrase. Mais quand ils sont prisonniers, la légitime défense cède la place à l’état de droit.
Plus question par exemple de kidnapper un terroriste. Il doit être livré dans les formes, par un Etat souverain. Or les Kurdes sont privés d’Etat.
Ramener les djihadistes est juridiquement complexe, politiquement sensible, électoralement dangereux et sur le plan moral aussi, c’est une épreuve à laquelle les Européens ne sont pas préparés.

Et pourquoi ?

Les soirs d’attentat, on dit que la France est en guerre, mais c’est pas vrai. Où sont la censure, le couvre-feu, le rationnement, la mobilisation générale, l’effort de guerre ? En Europe, on cherche en vain une nation en Guerre.
Prenez le Royaume Uni. Les Britanniques ont découvert hier Shamima Begum, 19 ans. Elle a rallié la Syrie, elle en avait 15. Elle aimait mieux sa vie à Raqqa qu’à Londres. Elle dit qu’elle y est devenue plus forte et plus dure. Elle est d’accord avec les décapitations d’infidèles puisque c’est autorisé par la loi islamique.
Elle a trouvé un mari qui lui a fait des enfants. Les deux premiers sont morts, faute de soins. Ce dimanche, elle a accouché du troisième. Elle demande de la compassion pour ce qu’elle a vécu. Elle veut rentrer.
Shamima fait pitié ou horreur ou les deux à la fois mais personne n’envisage de la tondre. Son retour sera celui de la femme-enfant prodigue.
La guerre, c’est la loi du talion qui s’applique aux terroristes. Mais l’après-guerre, c’est l’affaire des juges contre les ennemis du droit. Un combat inégal.
400 britanniques sont revenus du Califat. 10% seulement ont été présentés à un juge.