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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international. Jeudi, il détaille comment Donald Trump fait face au renseignement dont les Américains se méfient.

Les services de renseignements américains sont "naïfs", selon Donald Trump. La scène de ménage continue.

Mardi, les chefs des principales agences de renseignement, le FBI, la CIA et la NSA, ont planché devant le Sénat. Tous les ans, ils font l'inventaire du chaos. Ils expliquent les menaces qui pèsent sur le monde. Ce n’est pas réjouissant, mais il faut bien justifier les 75 milliards de dollars (soit 65 milliards d'euros) que le contribuable américain leur alloue chaque année.

Ce qu’on retient du tableau, c’est le démenti cinglant aux succès de politique étrangère que claironne Donald Trump. Un réquisitoire en trois points : la Corée du Nord continue de mentir sur le nucléaire, l'Iran respecte l’accord de 2015, malgré les sanctions américaines et Daech avec ses milliers de combattants reste une menace pour les États-Unis.

Piqué au vif mercredi, Donald Trump a tweeté que les maîtres-espions sont naïfs, que leurs analyses sont fausses et qu’il faudrait les renvoyer à l’école. Accuser les espions de naïveté, c’est la pire des insultes. Pire que les comparer à la Gestapo, comme il le faisait aimablement pendant sa campagne électorale.

Dans les démocraties normales, les services secrets aident le président à décider en lui fournissant des infos sûres, vérifiées, brutes et brutales. Cela vaut de l’or à l’heure où la guerre froide reprend. Cela vaut bien 75 milliards car tous les coups sont permis dans la guerre technologique et commerciale qui a commencé avec la Chine.

Mais dans le monde de Donald Trump, c’est le contraire. Les agents secrets sont des agents de l’ombre, au service de l’État profond. Un État secret dans l'État qui n’a jamais admis sa victoire. Leur enquête sur les ingérences russes est une façon de le discréditer, de le délégitimer. Il les méprise. Il s’en méfie.

Et il n'est pas le seul. Les Américains n’ont pas oublié les armes de destruction massive de Saddam Hussein, les vols secrets de la CIA, les mensonges sur les techniques d’interrogatoires, sans parler des révélations des écoutes de la NSA, de Snowden, sans remonter aux scandales de la Guerre froide, à la baie des Cochons ou au Watergate.

Le complotisme est partout aux États-Unis. La majorité des Américains ne croient pas qu’on leur ait dit toute la vérité sur le 11 septembre. Et Donald Trump surfe sur ce courant puissant. Les démocrates ont tort de se réjouir de cette guerre ouverte. Les agences de renseignement n’ont pas à s’ériger en contre-pouvoir. Elles ne sont pas faites pour surveiller et punir les dirigeants démocratiquement élus. C’est même le contraire.