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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

Dans douze jours, Donald Trump remettra en cause ou non l’accord nucléaire avec l’Iran. Ce lundi, Français et Israéliens ont tenté d’influer sur sa décision. Pas dans le même sens.
Le monde est un spectacle et les puissants sont descendus du balcon, désormais ils jouent, c’est l’actor’s studio, en plus ils assurent la mise en scène et même la distribution.
Hier donc, deux vidéos. Le matin, Emmanuel Macron dans son avion. Le soir, Benyamin Netanyahu démasquant l’ennemi.
La première scène filmée comme en caméra caché et diffusée via tweeter. La seconde, plus classique, l’exposé power point face aux caméras convoquées en urgence pour un show en direct.
Deux représentations pour un seul drame : la guerre qui vient, ou au moins l’épreuve de force avec l’Iran.
On commence avec Emmanuel Macron.
On l’entend téléphoner à Vladimir, qu’il tutoie, c’est Poutine. Le Français est en col roulé, entouré d’officiers, on voit que le capitaine est sur le pont. La cabine rappelle Star trek, ses fauteuils sont aussi considérables que ceux qui font la fierté des dentistes. Le Président ne ment pas comme un arracheur de dents, mais après coup, le Kremlin et l’Élysée donneront deux résumés différents de l’entretien.
Selon les Russes, les présidents sont tombés d’accord sur une stricte application de l’accord nucléaire de 2015. La version française insiste plutôt la suite qu’Emmanuel Macron imagine, une nouvelle négociation pour contrôler les activités nucléaires et balistiques, l’activisme iranien en Syrie et au Yémen.
Bref, le grand marchandage qui ferait de l’Iran une sorte de Suisse chiite au milieu des Arabes.
La seule perspective qui peut encore retenir Donald Trump de faire des confettis avec l’accord de 2015.
Côté israélien, on cherche au contraire à pousser Donald Trump à dénoncer l’accord.
À Tel Aviv, Benyamin Netanyaou est sur scène. L’après-midi, il a annulé un discours à la Knesseth, il a réuni son Conseil de sécurité nationale. Dramatisation, mobilisation. Action !
Le micro en main, le Premier ministre montre des photos satellites de Téhéran. C’est là que seraient stockées les archives nucléaires dont le Mossad s’est procuré une copie. Elles prouvent que les mollahs au pouvoir ont développé il y a 20 ans, un programme secret d’armement nucléaire, le projet Amad, alors qu’ils ont toujours juré vouloir seulement de l’énergie pas chère… Le bandeau énorme barre l’écran : l’Iran ment. CQFD.
À un moment, Benyamin Netanyahu dévoile les dossiers copie conforme sur des rayonnages et une armoire remplie de CD. Voilà les cent mille documents. La preuve en 500 kilos. Abracadabra.
Donald Trump ne doit pas se retenir de faire des confettis.
Est-ce que c’est crédible ?
Bien sûr. Est-ce que c’est nouveau ? Il paraît que non. Le projet Amad était connu.
Les services israéliens ont réussi à piquer les secrets des mollahs mais ils ont échoué à démontrer qu’ils ont triché depuis l’accord de 2015 comme ils trichaient jadis. 
Qu’importe !
Le compte à rebours est lancé, il reste 12 jours avant le 12 mai.
Ces vidéos relèvent déjà de la propagande de guerre.