Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
L’ancien premier ministre de Malaisie a été arrêté hier. Il est accusé de corruption.
Les anciens Présidents finissent plus souvent en prison qu’au Panthéon. Cela arrive partout et souvent. Park Geun Hye, la première femme qu’ont élue les Sud-Coréens, a été incarcérée pour un quart de siècle. C’était l’an dernier. Le mois dernier, idem pour Lula da Silva au Brésil.
La semaine dernière, 783 accusations criminelles ont été recensées contre le sud-africain Jacob Zuma. Hier après-midi, Rafael Corea, l’Equatorien a été rattrapé par un mandat d’arrêt international dans son exil en Belgique. Demain, ce sera le tour de Grace Mugabe, au Zimbabwe, la Première Dame sera la première à payer.
Perdre le pouvoir, c’est perdre l’impunité. Et quand on sort de la lumière, on termine à l’ombre.
Et pour cause ! Les successeurs ont besoin de boucs émissaires. Il faut bien faire semblant de lutter contre la corruption. Surtout, si on compte se remplir les poches.
Mais ce qui se passe en Malaisie n’a rien à voir. La Malaisie est en état de grâce et même d’euphorie. Un espoir immense s’est levé. Il est d’autant plus fort que personne ne s’y attendait.
Les élections générales du mois dernier auraient changé la vie ?
La coalition au pouvoir depuis l’indépendance a été battue, premier tremblement de terre. Le nouveau premier ministre est le plus vieux dirigeant au monde qui se soit jamais fait élire : Mahatir Mohamad a 92 ans… A cet âge, on se dit, il sera prudent, tolérant, il prendra son temps.
C’est le contraire, seconde surprise. Il purge la police, nomme un procureur indépendant, déverrouille la censure. Tous les jours, il surprend, il réforme. Et cette liberté est inattendue, car Mahatir a gouverné pendant un quart de siècle, c’est le père de la Malaisie moderne et il avait une sale réputation d’autocrate, d’opportuniste, de raciste.
Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
A la retraite, il a regardé son dauphin Najib Razak se noyer dans les scandales, étranglant les libertés économiques et politiques, vendant le pays aux Chinois. Et se vautrant dans la corruption. Najib Razak aurait couvert l’évaporation de dix milliards de dollars…
La police en a retrouvé une partie. La collection des sacs à main de sa femme, 567 sacs de luxe, dont une moitié de sacs Hermès, remplis de billets, de montres, de douze mille bijoux… Un shopping à 234 millions d’euros !
On se croirait à Tunis, à la chute des Ben Ali. Mahatir Mohamad est de la même génération que Beji Caid Essebsi, le président tunisien… Après les pères indignes, place aux grands pères de la nation. Ils lui rendent espoir et restaurent l’Etat. Tout comme les patriarches sauvent leurs familles avec un peu de dignité.