Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Le terrorisme au Sahel progresse. Huit soldats ont été tués ce mercredi au Burkina Fasso.
Leur convoi a sauté sur une mine artisanale, une IED, en français, "un engin explosif improvisé", EEI, c’est une machine de mort subite facile à fabriquer avec un obus d’artillerie. L’EEI, la seule arme terroriste qui n’est pas été inventée au Liban.
L’EEI, c’est l’outil du djihad autant que le couteau.
Suivre l’EEI, c’est dessiner la carte des métastases : Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Mali, et maintenant Burkina Fasso.
Avec l’EEI, les routes sont dangereuses, les militaires sont entravés, l’Etat se replie. Alors les fanatiques tiennent le terrain et la population locale se soumet.
On en est là.
Au Burkina, l’État a d’abord perdu le nord. Dans tous les sens du terme. Les écoles ont fermé, mairies et gendarmeries aussi. Depuis, l’armée fait des ratissages. Évidemment, il y a des bavures. Les attaques terroristes redoublent. C’est là que les militaires sont morts hier.
Mais l’État est aussi en train de perdre l’est, près du Niger.
Dimanche, deux expatriés et leurs chauffeurs enlevés. Trois gendarmes tombés dans une embuscade. La semaine dernière, un vieux prêtre kidnappé.
Il y a dix jours, deux villages massacrés.
On pourrait continuer la litanie, parler de la capitale, trois fois attaquée par des kamikazes.
L’État est incapable d’enrayer la spirale.
Le Burkina a basculé dans la guerre. Cela a pris trois ans. Quand le tyranicule local, Blaise Compaoré a été renversé, l’armée ne s’est pas relevée. La garde présidentielle, seule force réelle a été dissoute. Les islamistes radicaux qui filaient doux se sont retrouvés libres d’agir. La démocratie a jeté l’eau du bain, le bébé et la baignoire.
Il y a un an, Emmanuel Macron était à la fac de Ouaga. A la tribune, à tue et à toi avec les étudiants et le président Kaboré qui s’éclipse et le Blanc qui rigole avec la salle en disant qu’il est parti réparer la clim.
Aujourd’hui, c’est le pays qui est tombé en panne. Plus personne ne rigole.
Si le Burkina saute, le Ghana et la Cote d’Ivoire seront à leur tour contaminés.