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La loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à Hong Kong a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase du côté de Londres. La Grande-Bretagne s'aligne sur son allié américain et durcit sa position vis à vis de la Chine. Désormais, les tribunaux britanniques ne répondront plus aux mandats d’arrêts internationaux émis par Hong Kong.

Rien ne va plus entre la Grande-Bretagne et la Chine, depuis l’adoption le 30 juin dernier par le Parlement communiste d’une loi qui place de fait Hong Kong sous la tutelle des organes de sécurité de Pékin. Londres a pris hier une nouvelle mesure de rétorsion suspendant le traité d’extradition signé avec son ancienne colonie.

Oui, c'est une décision avec effet immédiat et pour une durée indéterminée. Alors pratiquement, cela veut dire que les tribunaux britanniques ne répondront plus aux mandats d’arrêts internationaux émis par Hong Kong car son système judiciaire, qui jusqu’à présent était tout à fait indépendant de celui de Pékin, a désormais perdu toute autonomie.

Aujourd'hui, le risque est bien réel que la Chine utilise des juges de Hong Kong pour monter des procédures pénales contre des opposants politiques réfugiés à l’étranger, pour obtenir leur extradition puis les transférer vers le système carcéral communiste, tout cela grâce à la nouvelle loi sur la sécurité nationale. Ce qui serait une violation extrêmement grave du droit international, mais également des accords passés entre Londres et Pékin au moment de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997. Ils prévoyaient que l’ancienne colonie britannique garderait son système démocratique, avec une justice indépendante, dans le cadre d’un statut de région administrative spéciale. C’est ce qui avait été résumé à l’époque par cette formule de Deng Xiao Ping : "un pays, deux systèmes".

Cela a finalement assez bien fonctionné pendant une vingtaine d’années.

Oui, jusqu’en 2019, cela a été la grande lune de miel entre Londres et Pékin, avec une forte coopération économique qui a bénéficié à la Chine, puisque Hong Kong est devenue l’une des principales places financières mondiale, mais également à la Grande Bretagne. Les entreprises chinoises y ont investi environ 50 milliards d’euros, soit le double de ce qu’a reçu l’Allemagne et le triple de la France ou de l’Italie. 

Mais dans un couple, l’argent n’est pas tout. Et finalement ce mariage d’intérêts n’a pas résisté aux logiques géopolitiques, et surtout pas aux ambitions du président Xi Jinping d’imposer la Chine comme la première puissance mondiale, avec son système communiste et des revendications territoriales qui sont maintenant systématiquement appuyées par la menace de recourir à la force. Ce qui est le cas à Hong Kong, mais aussi à Taïwan, qui vit sous une pression militaire permanente. Ou plus récemment sur les contreforts de l’Himalaya où les troupes chinoises ont relancé les affrontements avec l’Inde.

C’est également le cas autour des îlots contestés à la Malaisie, aux Philippines, au Vietnam, à l’Indonésie à Brunei, au Japon... Ça fait quand même beaucoup pour un pays souvent présenté comme n’étant pas du tout expansionniste. Au point que les Britanniques ont également annoncé l’envoi d’un porte-avion en mer de Chine pour des manœuvres conjointe avec la marine américaine. La lune de miel est vraiment terminée.