4:00
  • Copié
, modifié à

Chaque matin, Vincent Hervouët nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce vendredi, il revient sur la volonté de Joe Biden, l'actuel président des Etats-Unis, d'enchaîner avec un deuxième mandat à 79 ans.

Joe Biden, 79 ans,  confirme qu’il se représentera en 2024, s’il a la santé… Et il le fera d’autant plus si Donald Trump est candidat…

Tout le monde aime les contes de Noël. Au cinéma, aux États-Unis, c’est un genre en soi. Et quel magnifique scénario que ce président dans les cordes, vieillissant, qui finit sa première année de mandat à genoux, sans avoir réussi à faire adopter son plan de dépenses sociales, réduit à l’impuissance par le sénateur entêté d’un petit état rural, impuissant aussi devant l’épidémie qu’il avait promis de juguler et qui a tué 800 000 Américains, même ses deux chiens l’ont lâché, il a fallu écarter le premier qui mordait les mollets du personnel de la Maison Blanche et l’autre a crevé… et voilà le bonhomme que tout le monde prend pour un canard boiteux, qu’on défiait, qu’on raillait, qu’on enterrait déjà, qui refuse la fatalité, qui achète un chiot, qui remonte sur le ring et impose le respect… Quelle histoire, si édifiante !

Ca, c’est Hollywood.

Mais la version de Washington, c’est tout le contraire.

La vérité politique, c’est que la déclaration de candidature de Joe Biden le discrédite un peu plus. Il tente de relancer sa présidence et prétend rejouer le match avec Donald Trump. Il apparait comme le vieillard devenu étranger aux réalités, qui n’a pas remarqué les défaites électorales que vient de subir son camp et qui annonce les débâcles à venir, l’éternel politicien qui s’accroche à tout prix.

Donald Trump lui aussi semble se préparer à reconquérir la Maison Blanche…

Il veut un deuxième round. Sa revanche. Ce sera Rooky 2 en vrai… Il est parti à Mar-a-Lago, comme si c’était Sainte-Hélène et sans avoir quitté la Floride, il se croit maintenant à Londres menant la résistance… Il ferraille toujours contre les juges. Ils ne l’accusent plus d’être manipulé par le Kremlin, il le soupçonne d’être complice de l’assaut du Capitole… Le jour anniversaire, le 6 janvier, il fera sa rentrée… En tenant une conférence de presse…Le Donald est toujours vivant ! Et les sondages lui promettent la victoire.

En revanche, dans ce duel, il y a déjà un mort. Ou plutôt, une morte. C’est Kamala Harris.

La vice-présidente qu’on présentait l’an dernier comme la dauphine…

Ce n’était jamais dit comme cela, mais tout le monde avait l’idée en tête. Joe Biden s’est présenté pendant toute sa campagne comme un président de transition pour un mandat unique. Kamala Harris incarnait cette nouvelle génération que le vieux politicien allait installer au pouvoir, après avoir restauré l’ordre et la compétence. Sauf qu’un an après, c’est le désordre et l’incertitude à tous les étages de la Maison Blanche.

L’entourage de Joe Biden s’est employé à marginaliser la vice-présidente. Elle lui a été utile pour conquérir le pouvoir, mais il n’a pas besoin de ses conseils pour gouverner. Elle manque de relais au Sénat où elle a passé quatre ans à préparer sa campagne. Lui connait par cœur les arcanes du Congrès. Il lui a confié deux dossiers qui ressemblent à des missions impossibles, faciliter l’accès des minorités au vote et freiner la crise migratoire. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas fait d’étincelles.

Conclusion, en annonçant qu’il veut se représenter, Joe Biden se discrédite, il la décrédibilise aussi. Il insinue que la vice-présidente n’est pas prête à le remplacer. Elle n’est plus son successeur naturel. EMême s’il ne va pas au bout de son mandat, elle devra se battre pour s’imposer. Elle affrontera des primaires. Désormais, c’est elle le canard boiteux. Le jour de Noël, on n’ose dire la dinde !