Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Le quai d’Orsay déconseille à ses fonctionnaires de mettre les pieds en Iran, ils y seraient en danger.
D’abord le contexte : la crise en Iran. Il y a pire pour un Président qu’un ministre qui démissionne sans prévenir. Il y a les ministres qui se font virer par un parlement sans pitié. Le Président iranien, Hassan Rohani vient d’en perdre deux, le ministre du Travail et puis celui de l’Économie, limogé dimanche par les députés. Pire ce mardi, les députés ont convoqué le président, c’est la première fois. Ils lui ont demandé des comptes sur la monnaie qui a perdu les deux tiers de sa valeur en six mois, le chômage qui explose et la faillite qui approche. Hassan Rohani a dénoncé la Maison Blanche, c’est un réflexe, il a fait des phrases, aucun programme, pas de solution. Tout le monde a vu qu’il était nu. Les députés ont voté pour dire qu’il était nul.
Hassan Rohani avait tout misé sur l’accord nucléaire, la levée des sanctions allait ramener la prospérité. Il a parié, il a perdu. Adieu veaux, vaches et le cochon, c’est Donald Trump. L’Américain a pris l’Iran à la gorge. Les multinationales s’enfuient. La semaine dernière, Total a levé le camp. Air France a annoncé la fin de ses vols vers Téhéran.
Mais Emmanuel Macron, dans son discours aux Ambassadeurs ce mardi, a parlé d’une négociation élargie pour sauver l’accord sur le nucléaire.
C’est la ligne : la France résiste ! Elle ne se résigne pas au chaos dans lequel les Américains vont plonger le Moyen-Orient. En sourdine, il y a un autre discours. Nos confrères de l’agence Reuters ont déniché une note de service envoyé par le Secrétaire général du quai d’Orsay à tous les diplomates. Il leur ordonne de ne plus mettre les pieds en Iran, "compte tenu des risques sécuritaires avérés ainsi que cela a déjà été le cas dans le passé". Il parle d’un durcissement des autorités iraniennes après l’attentat déjoué en juillet contre les opposants iraniens réunis en meeting à Villepinte.
À Téhéran, il y a des malfaisants qui ne pardonnent pas à la France cette histoire obscure. Et c’est là qu’on replonge dans le passé. Les Iraniens n’ont jamais été des enfants de chœur. Après la révolution, pour récupérer les milliards du Shah, ils ont fait une guerre secrète à la France, avec des otages à Beyrouth, des attentats à Paris.
Aujourd’hui, le régime est de nouveau dos au mur. En danger, prêt à tout. La France voudrait éviter le pire. Mais elle est prudente, elle se tient sur ses gardes.