Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international. Mardi, il décrypte les propos du ministre des Affaires étrangères polonais qui s'inquiète des violences commises en France.
C’est dans l’épreuve qu’on reconnaît ses amis. Et que les autres se démasquent. Jacek Czaputowicz parle de l’attentat de Strasbourg et des "gilets jaunes" et dit que la France est "l’homme malade de l’Europe". Il a le droit d’être en colère. L'une des victimes de la tuerie est un Polonais. Le terroriste était français.
À l’étranger, ils sont nombreux à penser qu’un criminel endurci, une brute et un admirateur de Ben Laden n’aurait pas dû se promener en liberté. Un Polonais est en droit de s'indigner sauf que Jacek Czaputowicz est ministre des Affaires Étrangères. Il est censé peser ses mots. Et même ses silences. Il dit : "La France tire l’Europe vers le bas". La phrase de trop, indigne d’un diplomate. Il ajoute : "Il y a une forte menace pour l'État de droit au sens où la France ne respecte pas le déficit des Finances publiques". Vous pouvez tourner ces paroles dans tout les sens, elles ne signifient qu’une chose : "Bien fait pour toi".
C’est comme lorsque Recep Tayyip Erdogan dénonce la violence policière, on rit jaune. Ou quand le Kremlin doucereux s’inquiète de la liberté de la presse, un comble. Des autocrates qui se réjouissent de notre malheur parce qu’on leur a fait trop souvent la leçon.
Varsovie joue au boomerang. Car c'est la Pologne que la Cour Européenne de justice accuse d’être l’homme malade de l’Europe qu’elle a mise sous surveillance, qu’elle vient de condamner à annuler sa réforme de la Cour suprême. Le pays qu’une mauvaise fièvre éloignerait de l’État de droit.
Il y a quinze ans, Jacques Chirac avait choqué en disant que la Pologne avait "raté une bonne occasion de se taire". Elle venait de signer une lettre ouverte pour encourager George Bush à se lancer dans la guerre en Irak. On connaît le résultat de cette guerre, Daech et compagnie. Jacques Chirac avait raison, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. La Pologne a bien de la chance de ne pas avoir de djihadistes qui la détestent à domicile. Mais elle a des politiciens assez détestables dans son gouvernement.