Le roi Felipe, fête ses 50 ans mardi. Avec la crise catalane, il joue son heure de vérité.
A Barcelone, le Parlement se réunit mardi après-midi pour élire le Président catalan. Il n’y a qu’un candidat, Carles Puigdemont, un candidat exilé en Belgique et qui risque d'être arrêté s'il rentre en Espagne. Alors que va faire Puigdemont ? Peut-être est-il revenu en cachette ? Ou va-t-il apparaître par Skype et inventer la gouvernance off-shore après avoir proclamé la république en marche et en fuite ? A moins qu’il ne se livre en martyr aux juges qui l’attendent de pied ferme. Personne n’en sait rien. La politique catalane, c’est une telenovela, qui improvise ses épisodes. Pourtant, loin de cette corrida, une vraie représentation se joue mardi à Madrid. Unité de temps, de lieu, d’acteur. Le roi Felipe a 50 ans. La crise catalane, c’est son heure de vérité. On va enfin savoir qui il est. Et s’il sert à quelque chose.
"Un règne est exemplaire, quasi scandinave". Il est né en 1968. Et comme une caricature de soixante-huitard, c’est un fils unique qui a hérité d’une famille en vrac, un père égoïste et jouisseur, une mère en voyage, des sœurs indignes auxquelles il ne parle plus…C’est un enfant de la télé qui a épousé une princesse de son temps, c’est-à-dire roturière et divorcée mais présentatrice du journal. Sa longue figure d’hidalgo inquiet et sa barbe poivre et sel montrent combien la couronne est lourde, rien à voir avec la bonhomie bourbonienne de son père.
On sait enfin que son règne est exemplaire, quasi scandinave : transparence totale des comptes, il arrête son carrosse au feu rouge, il bosse et tient des discours soporifiques en faisant génuflexion devant tous les totems de l’époque, il a ouvert les portes du Palais aux femmes battues, aux transsexuels, aux migrants… C’est "la monarchie rénovée, en accord avec les temps nouveaux" qu’il avait promise…
"Le roi dit le droit". Les Catalans lui reprochent d’avoir pris fait et cause pour le gouvernement de droite mais le roi n’est pas de droite, le roi dit le droit ! Quand il accuse Puigdemont d’avoir bafoué exprès et plusieurs fois la Constitution, il tient son rôle. Il est l’arbitre du jeu politique mais il est dans le camp de la loi. La monarchie, c’est une famille qui incarne la nation et qui protège la constitution.
Au Royaume-Uni, la reine Elisabeth n’est pas entré dans le débat sur l’indépendance de l’Ecosse, car les Écossais, les Brexiters ont respecté la loi… Et la reine. Alors que la monarchie espagnole est toute jeune. Felipe doit la justifier et la faire durer. Rien n’est garanti. Mardi, jour de ses 50 ans, il va être ce père sévère qui persévère. Il va remettre à sa fille, l’infante Léonor la toison d’or. Léonor a 12 ans. Ce sera son premier acte public, la première marche vers le trône. Pour incarner un jour l’unité de l’Espagne, avec ses 17 régions, dont la Catalogne… Tout ou rien. Aujourd’hui et demain.