Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Ce mercredi au Danemark, Emmanuel Macron a relevé le gant que lui ont lancé le Hongrois Viktor Orban et Matteo Salvini. Ils l’avaient présenté comme leur opposant principal en Europe. Le Président répond : c’est vrai !
Emmanuel Macron s’en fait une gloire, les élections européennes sont dans neuf mois et le thème de l’immigration va dominer la campagne. Emmanuel Macron se veut le champion de l’Europe des progressistes, face à l’Europe des Populistes, une affiche en noir et blanc, le repli frileux ou l’avenir glorieux, plus d’Europe ou plus d’Europe du tout.
C’est sans doute un calcul habile pour dynamiter le parlement européen, faire à Strasbourg la recomposition qui a si bien réussi au Palais Bourbon. Mais c’est aussi une illusion d’optique. À Copenhague, tout en haut du continent, le Président est pile au bon endroit pour vérifier qu’il n’y a pas d’un côté, le groupe de Visgrad, les pays de l’est qui se barricadent contre les invasions et puis, de l’autre, les nations sages qui refusent de se crisper sur les questions d’identité.
Le Danemark est l’exemple d’une troisième voie.
Les Français connaissent mal le Danemark, cela fait même 36 ans qu’il n’y avait pas eu de voyage officiel.
Il y a 36 ans, c’était encore le paradis des beatniks, égalité, liberté sexuelle, État providence et même la Reine avait épousé un étranger, un hobereau français. Une utopie pour bobos. Puis, il y a eu le choc de 2005, l’affaire des caricatures de Mahomet, les attentats qui étaient la répétition de la tuerie de Charlie Hebdo et enfin, la vague des migrants de 2015.
Les Danois ont tout changé pour que rien ne change. Pour protéger leur mode de vie si libéral, pour éviter la faillite des services sociaux, ils ont pris des mesures radicales. La réforme du droit d’asile est un verrou sur la porte. Avec division par deux des indemnités chômage pour les réfugiés et expulsion systématique des clandestins.
Ça marche, le Danemark était la cinquième porte à laquelle frappaient les migrants, c’est désormais la 16°.
Pour imposer l’assimilation des extra-européens, un plan anti-ghetto a été adopté cette année. La crèche obligatoire pour les enfants de deux ans, pour qu’ils apprennent le Danois. Pas plus de 30% d’écoliers d’origine extra-européenne par classe ou encore les HLM interdits aux étrangers qui ont un casier judiciaire…
On se croirait dans l’Europe de l’Est illibérale. On est en Scandinavie. Avec un gouvernement de centre droit et un parti social-démocrate qui soutient ces mesures. La gauche s’accuse d’avoir été naïve. Ça lui profite, les sondages promettent 30% des voix aux socialistes qui pourraient revenir au pouvoir alors qu’ils étaient hier aussi mal en point que le PS en France.
Dans 36 ans, le Danemark sera encore un royaume chrétien et une monarchie parlementaire.