Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, fait un aller-retour ce mardi à Milan pour y rencontrer Mattéo Salvini, ce qui fait grincer des dents le reste du gouvernement italien.
Mattéo Salvini est ministre de l’Intérieur, pas des Affaires étrangères. On ignore l’ordre du jour de cette réunion impromptue présentée comme un entretien politique entre le chef de la Ligue et celui du Fidez. Évidemment, ils doivent être ravis de plastronner, le mépris des bien-pensants les honore, le scandale les galvanise, les deux rebelles vont parler des grandes invasions, de l’incurie de la commission à Bruxelles et surtout des élections européennes dans neuf mois qui seront un coup de balai, une Internationale du populisme se lève.
Luigi Di Maio, l’autre vice-premier ministre italien proteste.
Il rappelle que les Hongrois ont refusé la répartition des migrants débarqués en Italie, qu’ils ont dressé des barbelés à leur frontière et il ajoute même qu’à son avis, on devrait leur faire payer ce manque de solidarité en les privant de financement européens.
Luigi di Maio est amer. C’est un mariage contre nature que le mouvement 5 étoiles anti-système a conclu avec la Ligue, anti-Europe, anti migrants. Dans tous les mariages, de deux on fait un seul et la question est de savoir lequel. Dans le cas italien, on n’a pas attendu trois mois pour le savoir.
Mattéo Salvini est au pinacle et la Ligue est passé de 17 à 30% dans les sondages.
Salvini, le nom rappelle le film d’Ettore Scola, d’un cynisme réjouissant, Affreux Sales et méchants. Salvini a tous les défauts, mais il suscite une telle euphorie en Italie qu’il peut tout se permettre, lui qui ne s’est jamais rien interdit. La fin de la semaine dernière a été un festival. Consigner des clandestins à bord du DiIciotti, le navire des garde-côtes qui les a repêchés, ridiculiser les magistrats siciliens qui l’inculpent de séquestration et même franchir un Rubicon symbolique, en menaçant la Commission européenne de bloquer le financement du budget, ce que même les Britanniques n’ont pas osé faire après le Brexit.
Et les Italiens en redemandent, ils plébiscitent le capitaine Fracasse, on le surnomme le Capitano, son culot, son bagout, ses trouvailles enchantent. Il obtient même 45% d’opinions favorables parmi les électeurs de l’opposition, ceux qui votaient jadis communiste ou démocrate chrétiens. Et les insultes, le mépris, les indignations des autres lui profitent, tout fait ventre.
Ça durera ce que cela durera. En attendant, il n’y a pas que les migrants, l’Italie aussi est à la dérive.
Italie : désaccord entre Salvini et Di Maio sur la réception d'Orban, pour accéder à l'article de la rédaction d'Europe 1, cliquez ici .