Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
À Birmingham, au congrès des Conservateurs, Térésa May s’est offert un moment d’ivresse.
Elle a stupéfait en entrant sur scène en dansant, Queen, sur la musique d’Abba. On n’imagine pas spontanément Teresa May en reine du dancefloor. Le pas qui glisse, le déhanché, les bras au ciel et la sono à fond. Ce mercredi à Birmingham, c’était Danse avec les stars ! Tellement anachronique, alors que le parti est paralysé par ses divisions, que les négociations sur le Brexit piétinent et que le pays va sauter dans le vide.
Engoncés dans leurs fauteuils, les hiérarques conservateurs ont applaudi du bout des doigts.
L’an dernier, le naufrage à la tribune de leur Premier ministre les avait moins gênés. Elle n’en finissait plus de tousser. Un petit malin s’était déguisé en huissier pour lui porter un avis d’expulsion du 10 Downing street. Entre deux quintes de toux, le verre à la main, elle avait pris la lettre recommandée.
Ce mercredi, en dansant, Térésa May a fait oublier cette humiliation.
Ce n’est pas la première fois qu’elle danse.
Elle a trouvé le truc fin août, en Afrique du sud. Elle visitait une école. Les enfants dansaient, les ministres sud-africains ondulaient, elle a fait pareil. La presse a été atroce. Un frigo bancal a dit le Guardian, le plus indulgent.
Trois jours après, elle récidive au Kenya avec des scouts. La vidéo est impayable, séquence virale sur internet.
Térésa May a la raideur d’un robot mais elle en a aussi la détermination.
Hier, son discours a vanté son plan de sortie de l’Europe. Ni Bruxelles, ni les Brexiters n’en veulent, tant pis, elle promet des lendemains qui dansent. Teresa May, c’est le défi et le déni. Pas le genre à capituler.
Ce n’est pas elle qu’on verrait pleurnicher sur le perron en quittant son ministère parce que le monde politique est polluant ou qui démissionnerait devant l’adversité pour se replier sur ses terres électorales dans le sud-est de Londres. Elle fait front. Le courage et l’autodérision. Bravo l’artiste !