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Chaque jour, Didier François traite d’un sujet international.

La France va se doter à son tour d’un Commandement de l’espace. Le président de la République en a fait l’annonce, ce week-end à la veille du défilé du 14-Juillet, et un peu plus d’un an après la décision de Donald Trump de créer une Space Force au sein du Département de la Défense. Didier est-ce le début de la véritable guerre des étoiles ?

C’est d’abord le constat que la course à l’espace est bien une réalité. Qu’on le veuille ou non, il y a à ce jour 1.500 satellites qui tournent autour de la Terre, dans dix ans il y en aura 7.000. Le domaine spatial est aujourd’hui présent dans toutes les opérations menées au quotidien par les armées françaises. Prenez l’observation, le renseignement, les communications à travers les liaisons cryptées. Mais aussi le positionnement des troupes, le guidage de missiles…

Et puis surtout le commandement ! Tout passe aujourd’hui par des satellites militaires. Et s’ils venaient à être détruits, ou même seulement piratés, les unités déployées sur le terrain se retrouveraient livrées à elles-mêmes, isolées, sourdes, aveugles, et donc incapables de mener une action cohérente. Elles seraient beaucoup plus vulnérables. D’où l’absolue nécessité de durcir nos satellites et de protéger leurs transmissions de données par des systèmes très sophistiqués, et suffisamment dissuasifs pour éviter que qui que ce soit ne les prennent pour cible.

Mais qui pourrait s’attaquer à nos satellites au fin fond de l’espace ?

Je vais vous rappeler cette petite mise en garde lancée en septembre dernier par la ministre des Armées : quand Florence Parly a révélé qu’un satellite russe, appelé Louts, s’était installé discrètement entre deux satellites français pour espionner leurs communications. Il était resté là cinq mois sans qu’il fût possible de le déloger, et on peut parfaitement imaginer qu’il ait également eu la capacité de détruire nos satellites. Dans tous les cas de figure cette action constitue une entrave aux capacités militaires françaises, ce qui est totalement inacceptable.

Et ce nouveau commandement de l’espace aura donc lui les capacités d’agir ?

C’est bien l’objectif. Regrouper et coordonner dès le mois de septembre, à Toulouse, sous la responsabilité de l’armée de l’Air tous les moyens nationaux capables d’agir sur le théâtre spatial. Un effort budgétaire conséquent a même été prévu : 3,6 milliards d’euros sur cinq ans pour financer la modernisation et le renouvellement de nos satellites. Des programmes importants sont en cours, il est prévu de mettre en orbite trois nouveaux satellites d’écoute électromagnétique. Et surtout de moderniser le radar de surveillance spatiale GRAVES sur le plateau d’Albion, un outil vraiment fondamental qui permet à la France de faire en temps réel une cartographie extrêmement précise de tout ce qui circule dans l’espace.

Nous sommes les seuls à posséder cette capacité, avec les Russes et les Américains. Et il s’agit désormais la renforcer avec un laser qui pourrait aveugler tout satellite s’approchant des nôtres avec une intention hostile.