Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
En Bavière, la CSU alliée d’Angela Merkel fait le plus mauvais score de son histoire.
Pendant 70 ans, la politique allemande a été ennuyeuse comme un voyage en autoroute, et il valait mieux. Surtout en Bavière, le royaume déjanté de Louis II, des défilés aux flambeaux à Nuremberg, de Munich la vraie capitale nazie.
En Bavière, depuis la guerre, il y a la CSU pour tenir en laisse le romantisme allemand, la passion politique, l’esprit de système. Une sorte de parti unique aussi anachronique que les culottes de peau.
Il y a dix ans, la CSU a perdu la majorité absolue. Premier craquement. Et il n’y avait pas l’afflux de migrants pour expliquer ce désaveu de l’électorat. C’est la Katastrophe, avec un K.
En fait, c’était le bon temps.
Hier, la CSU a perdu dix points par rapport au dernier scrutin régional.
Avec 37% des voix, n’importe quel parti français sablerait le champagne. C’est le crépuscule des dieux pour la CSU. Elle n’existe qu’en Bavière, et elle risque de tout perdre, notamment son influence à Berlin.
Pour une fois, les sondages ont vu juste.
Ils avaient prévu la percée des souverainistes anti migrants qui font 22,5% à deux. C’est à dire l’émergence d’une droite sans référence chrétienne.
Ils avaient prévu l’effondrement du SPD, dix points de moins. Les verts qui prospèrent sur le grand cadavre à la renverse de la gauche de gouvernement comme le chiendent sur les pierres tombales. Et aussi les cathos qui deviennent écolo.
Conséquences à Berlin, le débat à gauche est relancé sur la participation mortifère au gouvernement. Débat relancé aussi à droite sur l’après Merkel et la ligne du parti au centre ou à droite toute ?
Conséquences en Europe, l’Allemagne va rester aux abonnés absents.
Et Emmanuel Macron tout seul, le tandem franco-allemand a une roue crevée.