Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Les Afghans aux urnes, élections législatives demain. La campagne se termine dans la peur.
Cela fait trois ans que le scrutin est reporté. Il y a trois ans, le gouvernement contrôlait les deux tiers du pays, aujourd’hui il n’en tient plus que la moitié. Il devenait urgent d’organiser ces législatives et la présidentielle au printemps. D’ailleurs, les Afghans tiennent à voter, même pour des députés corrompus, même si l’état est impuissant, même si la démocratie est une utopie.
Les Afghans sont courageux, voter est dangereux. Pour les Talibans, c’est un chiffon rouge, un chiffon plein de sang. Ils ont mené leur propre campagne, ciblée. Neuf candidats assassinés. Et hier, l’attentat au bon endroit, au bon moment. A Kandahar, capitale pachtoune. Une fusillade dans le palais du gouverneur, l’Afghan qu’ils détestent le plus, alors qu’il accueillait le nouveau patron de l’Otan en Afghanistan. Le général Miller est l’impie numéro 1.
Il faut imaginer le barnum sécuritaire quand il se déplace. Sauf qu’un garde du corps du gouverneur était un kamikaze, scénario imparable. Il a mitraillé les participants et entraîné dans la mort, un célèbre chef de la police. Le général Miller est indemne, trois américains sont blessés…
C’est une guerre sans fin !
La plus longue qu’ait faite l’Amérique. Elle a coûté si cher que plus personne ne sait combien : des milliers de milliards de dollars. On se demande où ils sont passés quand on voit qu’un enfant sur deux ne va pas à l’école ou que trois millions de civils sont en situation d’urgence alimentaire absolue. Le bilan est aussi lamentable dans la lutte contre Daech, contre la corruption ou le trafic de drogue.
Le Pentagone a beau répéter que la situation est en train de s’arranger, Donald Trump s’impatiente. Dimanche dernier, les Talibans ont rencontré les Américains en terrain neutre, au Qatar. C’est la deuxième fois. Ils ont refusé le cessez le feu comme le partage du pouvoir. Mais les palabres vont continuer. Et les massacres aussi, en attendant. Si Donald Trump trouve la sortie de secours, il méritera un Prix Nobel.