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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.

Lancement : Puisqu’on parle aujourd’hui de l’extrême droite, Claire vous vouliez revenir sur les propos tenus par Laurent Ruquier la semaine dernière dans une itw à Paris Match. Il y critique violemment Twitter, qu’il qualifie carrément de «fachosphère »

Oui et il partage visiblement cet avis avec Yann Moix, qui réagissait la semaine dernière sur Europe 1 : SON «  Si Twitter est un media (…) alors c’est un media d’extrême droite »

Bon alors… disons le tout de suite, ils se sont surement un peu emballés… Evidemment, il n’y a pas que l’extrême droite qui s’exprime sur Twitter.

En revanche, c’est vrai, qu’il y a beaucoup d’extrêmes tout court. Et ces extrêmes, sur les réseaux sociaux, sont organisés pour parler plus fort que les autres. L’extrême droite oui… mais aussi ce qu’on appelle la « muslimsphère » (sites identitaires musulmans), les féministes, les défenseurs de la cause animale et j’en passe.

Leur point commun ? C’est de prendre Twitter comme un terrain militant. Ils fonctionnent en noyau. A la base, il y a seulement quelques comptes Twitter reliés entre eux. Disons 500 pour les féministes et environ 4 000 pour la fachosphère. Ce qui comparé au 15 millions d’utilisateurs français est peu.

Mais ensuite, par le jeu des tweets et des retweets (parfois même avec de faux comptes ou des robots qui tweetent automatiquement), ils font monter la sauce sur un sujet ou un hashtag. Jusqu’à ce que qu’on ait l’impression que Twitter ne parle que de ça. Et n’a qu’un seul avis.

Ce qui en langage Ruquier donne « Twitter, c’est la fachosphère ».

Relance : En langage Ruquier on dit aussi, dans cette même interview, « "Le burkini sansTwitter, il n'y avait pas de débat"

 

Là aussi c’est quand même très vite dit. Ce débat, on l’imagine, a d’autres racines plus complexes que Twitter.

Mais ce que j’entends dans le raccourci de Laurent Ruquier, c’est la capacité de Twitter à transformer un petit événement en une polémique nationale. Ça marche encore mieux si vous prenez l’affaire du bikini à Reims l’année dernière ou l’agression des femmes en short à Toulon ce mois ci.

Le schéma est toujours le même :

1/Les extrêmes s’emparent d’un événement local qu’ils interprètent à leur façon. En général en y exacerbant le motif racial ou religieux. Il twittent jusqu’à le rendre suffisamment visible.

2/ Un premier média fait un papier sur le sujet, puisque visiblement « les réseaux sociaux en parlent »

3/ Du coup un homme politique se sent obligé de réagir, puisque visiblement « le sujet à l’air de monter ». Il tweete.

4/Cette réaction génère de nouveaux articles

5/Ces articles génèrent de nouvelles réactions politiques. Deux camps se forment, tout le monde est obligé de prendre parti. Et La presse commente.

 

Bref… 6/ça devient un sujet national… et tout le monde se retrouve à parler d’un sujet dont plus personne en réalité n’a envie de parler.

 

Relance : On voit bien qu’on est loin des «  3 gars qui tweetent depuis leur chambre à Annecy »  comme le dit Yann Moix dans l’interview), mais à l’inverse est-ce qu’on peut se fier à Twitter pour représenter l’opinion publique ?

 

Tout le monde n’est pas sur Twitter, c’est une sphère très media-politique, dont il faut savoir déjouer les manipulations. Mais ça reste un bon outil pour prendre le poul des débats qui animent ou crispent la société. Beaucoup d’hommes politiques –et même tiens des émissions télé – scrutent twitter pour y capter la parole des « vrais gens ».