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Tous les samedis et dimanches, Vanessa Zhâ et Marion Sauveur nous font découvrir quelques pépites du patrimoine français. Aujourd'hui, direction l'île de Noirmoutier que l'on atteint à pied par le traditionnel passage du Gois. 

Ce matin, on prend l’air iodé de la Vendée. On part en balade sur l’ile de Noirmoutier Vanessa. 

Elle est particulièrement agréable cette île. Elle a des petits airs de Méditerranée, le climat est assez doux. D’ailleurs, il y a des mimosas, des figuiers. Pourquoi Noirmoutier plait ? C’est parce qu’elle a gardé son esprit insulaire, malgré la construction du pont. Avant, il n’y avait que le Gois, le fameux passage du Gois, pour rejoindre le continent.

Alors qu’est que c’est ? Et bien, c'est "le cordon ombilical" de l’ile en fait. C’est un gué de sable, qui a été formé par les courants, puis empierré début 19e siècle. Gois, en patois noirmoutrin, ça veut dire "marcher en mouillant ses sabots". Et il y en a un qui les mouille ses "sabots", c’est Gaby Soulard, une figure de l’ile. Chaque jour est différent sur le Gois.

"Vous avez un spectacle et un environnement qui est different constamment. Vous avez une marée du matin, le soleil levant qui est derrière les nuages, si il y a un peu de nuages, vous avez des reflets dans l'eau, vous avez le soleil couchant (là vous avez des ciels rouges extraordinaires. Vous avez des vues sur le Gois qui ne sont jamais identiques. J'en parle toujours avec mon coeur parce que j'adore cet endroit. C'est presque une compagne."

Mais c’est vrai que ce Gois rythme la vie des Noirmoutrins. Ils y sont très attachés, ils organisent même chaque année, fin juin, les foulées du Gois. Attention, ce n’est pas pour les coureurs du dimanche ! L’enjeu : courir plus vite que la marée montante et sur 4 km. Ils partent déjà avec de l’eau aux chevilles. 

Et j’imagine que c’est une curiosité pour les touristes aussi.

Oui, c’est le poumon de l’ile. On aime observer ce qui s’y passe. C’est un terrain pour la pêche à pied : on voit souvent des silhouettes penchées sur ses estrans. Et puis c’est aussi un grand reposoir pour de nombreuses espèces d’oiseaux de mer. Autre curiosité naturelle : le polder Sebastopol, 132 hectares baignés par l’eau de mer. 900 espèces animales et végétales y ont été répertoriées, dont une orchidée qui ne fleurit qu’en mai, et des plantes comestibles oubliées (la blette maritime, le masseron et l’asperge prostrée). Bref ce polder est une réserve naturelle régionale. 

Et coté plage, vous recommandez quoi ?

Le village du Vieil. Des petites ruelles bordées de murets en pierres, des vieilles maisons de famille posées sur le sable. Chaque ruelle aboutit sur la plage. On ne s’y promène qu’à pied ou à vélo. Sa plage du Mardi Gras est légendaire pour deux raisons : c’est là que le premier sous-marin français (Batyscaphe) a été présenté au gouvernement français et c'est là qu’ont été tournées les scènes de plage du film César et Rosalie. 

Des activités à essayer à Noirmoutier ?

Une balade sur un très beau voilier du début du 19e siècle : le O Abandonado. C'est un ancien transporteur de sel qui vous emmène en balade en mer pour des parties de pêche ou des participations aux manœuvres. Sinon, plus terre à terre, une ballade en charrette à cheval à travers les marais salants à bord de L’Hyppobus.

Un hébergement ? 

Un hôtel de charme : le Général d’Elbée sur le port, au pied du château. Un ancien manoir du 18e siècle totalement redesigné récemment, une pépite. Et en plus vous y avez rendez-vous avec l’histoire, c'était un lieu stratégique des guerres de Vendée.

Marion Sauveur, de quelle spécialité noirmoutrine allez-vous nous parler ? 

Les pommes de terre de Noirmoutier, qui ont obtenu l’an dernier le label européen l’indication géographique protégée (IGP). Il n’y a pas toujours eu des pommes de terre à Noirmoutier. Le tubercule est arrivé en Europe avec les conquistadors espagnols au 16e siècle. Mais il a fallu attendre le 18e siècle pour qu’on la mette dans nos assiettes. C’est à la fin du 19e siècle qu’elle a vraiment pris sa place sur l'île, effaçant les champs de céréales, particulièrement dans le nord. 

En ce moment, les paysages sont magnifiques : les champs sont tous verts. Nous avons la chance d’avoir les toutes premières primeurs en studio ! Elles sont petites, ce sont ce qu’on appelle des grenailles. La récolte va vraiment commencer dans quelques jours, et les pommes de terre seront un peu plus grosses.  

Des pommes de terre primeures ne se cultivent pas comme les pommes de terre de conservation, comme l'explique la productrice Jessica Tessier, qui a repris l’exploitation familiale. “C'est la première pomme de terre de l'année, donc elle est récoltée avant sa maturité, ce qui fait qu'elle a une peau peleuse très fine. C'est une méthode de production particulière puisqu'on travaille en avant saison et la pomme de terre est très sensible au gel. Donc il faut à la fois un terroir qui se prête à cette pomme de terre primeur (des terres sableuses qui se réchauffent vite, une méthode de culture particulière) et il faut également un climat qui s'y prête et nous, à Noirmoutier on a un microclimat qui fait qu'il gèle très peu."

Et on les récolte à la main ces primeurs, parce qu’elles sont fragiles. A Noirmoutier, ils cultivent principalement quatre variétés : la Sirtema, la première, la Bonnotte (peut-être la plus connue et qu’on peut déguster en mai), la Lady Christ’l et la Iodéa.  

C’est quoi la particularité des pommes de terre de Noirmoutier ?  

Le terroir. La terre souple, sableuse à laquelle les cultivateurs leur apportent notamment du goémon (algues qu’ils ramassent à l’automne) et le climat de Noirmoutier très ensoleillé, avec peu de pluie et des embruns permanents. 

Le savoir-faire des paysans. Ils font pré-germer leurs pommes de terre pour qu’elles poussent en terre. Avec leur technique ancestrale (le “billon”), qui consiste à rassembler la terre en buttes parallèles de 70 cm de large. Ça permet au sol de se réchauffer et de se drainer rapidement. Les pommes de terre ne restent que trois mois en terre. Elles sont récoltées selon les besoins et gardent leur fraîcheur. Tous ces éléments permettent d’obtenir des pommes de terre au goût légèrement sucré.  

Comment on les cuisine ?  

Elles n’ont pas besoin de subterfuges. Je les adore dans un poêle, à cru et avec la peau bien sûr (juste frottée sous l'eau), avec un mélange d’huile et de beurre demi-sel (nous sommes à Noirmoutier !). On les enroule dans la matière grasse. On surveille la cuisson. On contrôle la cuisson en piquant avec la pointe d’un couteau. Et par-dessus un peu de fleur de sel. Bien dorées, elles accompagnent à merveille le poisson. En salade terre et mer, elles sont parfaites. 

 

Ingrédients 

  • 400 g de petites pommes de terre 
  • 250 g de filets de maquereaux fumés
  • 1 échalote
  • 20 cl de vin blanc sec
  • 12 radis 
  • 1 cuillère à soupe de vinaigre
  • 1 cuillère à café de moutarde 
  • 3 cuillères à soupe d’huile d’Olive
  • Fleur de sel et poivre du moulin

Réalisation :

1. Faire cuire à l’eau vos pommes de terre. Vérifier la cuisson avec la pointe du couteau. Égoutter. 

2. Réaliser votre vinaigrette en mélangeant dans l’ordre : le vinaigre et la moutarde, puis l’huile d’olive. 

3. Encore tièdes, mélanger les pommes de terre à la vinaigrette.

4. Ajouter votre échalote ciselée, coupez vos maquereaux (sans peau) en lanières. Mélanger le tout et passez à table.

 

Et si on ne veut pas cuisiner ?  

Dès les premières récoltes, vous pourrez les déguster à emporter dans les restaurants de l’île comme La Table d’Elise, le bistrot d’Alexandre Couillon à l’Herbaudière, avec un lieu jaune à la vapeur de lauriers, grenailles de l’île rôties en cocottes, ail noir et citron confit. 

Autre adresse que je vous conseille : Le P'tit Noirmout à Noirmoutier-en-l'île. Le chef Arthur Biclet proposera notamment des joues de lottes aux pommes de terre de Noirmoutier.