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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, elle s'intéresse au départ du Tour de France depuis Copenhague.

Le Tour de France s’élance aujourd’hui. Départ du Danemark avant d’arriver en France sur les pavés du Nord. Qu’on soit passionné de cyclisme ou pas, le Tour, ça reste un moment à part, entre roman national et mythe mondial. 

Attendez, je ne comprends pas, le Tour commence, et il n’y a même pas la moindre petite polémique sur la caravane, ni sur les hôtesses, rien… Vous êtes sûrs que c’est le Tour de France ? Il manque quand même quelques ronchonnements bien de chez nous, là-dedans. C’est peut-être parce que la grande boucle part du Danemark, ça nous rafraîchit les idées. Ca nous fait même des vacances quand on est débarrassé de ces débats caricaturaux. Ça tombe bien, rien ne rime mieux que Tour de France et vacances. Les coureurs s’élancent, et on part directement en voyage. Un voyage dans le temps, nos souvenirs de juillettistes coincés dans les bouchons de l’A6, avec le petit frère sur la banquette arrière qui répète « on est bientôt arrivé ? » pendant que les adultes, devant, bougent méticuleusement le bouton de l’auto-radio pour être sûrs de ne pas rater le commentaire de la victoire d’étape de Bernard Hinault. Je ne veux pas prêcher pour ma paroisse, mais le Tour, c’est aussi une aventure de radio. Des voix qui accompagnent le peloton en laissant libre cours à notre imaginaire. C’est fondamental, l’imaginaire, dans le Tour. Cette épopée sportive aux airs de roman national qui nous fait revisiter l’histoire, la grande et les petites, tout en nous faisant découvrir ou redécouvrir la géographie. Ses grands noms, Arenberg, le Galibier, l’Alpe d’Huez notamment cette année. Et aussi toutes ces villes et ces villages qui se parent de leurs plus beaux atours pour accueillir le Tour. Comme si on réconciliait cette France divisée, comme si elle ne faisait plus qu’une, entre les zones rurales et les grandes agglomérations, autour des vélos dont on ne se demande plus s’ils grillent trop les feux rouges. Ce n’est pas un tour de magie, c’est la magie du Tour. 

Et ce n’est pas juste franco-français, c’est un mythe mondial, le Tour.

 

Il n’y a pas 50 événements sportifs plébiscités dans le monde entier. Il y a les jeux olympiques et paralympiques, la coupe du monde de football, et le Tour de France. Et ni l’évolution du cyclisme, ni les années noires du dopage n’y font rien. Lance Armstrong a quand même bien œuvré pour nous faire perdre toute illusion, pour détruire ce qui nous restait de naïveté. On aurait pu détourner le regard et passer à autre chose. Et pourtant, même l’Américain trop chargé ne pèse pas lourd face au mythe de la grande boucle. Ça n’est pas pour rien que le cyclisme nous offre des expressions passées dans le langage courant. Se remettre en selle, par exemple. C’est plus parlant que le chasse patate, c’est vrai. Le Tour de France c’est à la fois l’inatteignable, ces efforts surhumains consentis pendant trois semaines par des coureurs au bord de la rupture, et la compétition ouverte à tous par excellence. Gratuite et populaire. C’est si rare aujourd’hui où le bruit des tiroirs caisses accompagnent tous les événements sportifs. Et c’est peut-être ce paradoxe qui donne au Tour de France sa saveur si particulière.