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Lyon reçoit la Juventus de Turin ce soir en huitième de finale aller de la Ligue des champions. Les Italiens sont largement favoris. Pour Virginie Phulpin, le problème avec l’Olympique lyonnais, c’est que le président Jean-Michel Aulas prend beaucoup plus de place que son équipe elle-même. 

Quel président aujourd’hui incarne autant son club que Jean-Michel Aulas ? Personne, ou presque. C’est le président omnipotent. Il s’est toujours mêlé de tout, même quand Lyon empilait les titres. Il avait pris un peu de recul au début de la saison, en pensant déléguer à Juninho, son directeur sportif. Mais vu le manque de résultats et le jeu soporifique et peu efficace de l’OL, il est revenu en première ligne. A base de punchlines comme la dernière en date "Lyon, c’est un petit Ajax Amsterdam". L’Ajax, le demi-finaliste de l’an passé dans cette ligue des champions, son jeu qui fait l’admiration de toute l’Europe, on parle bien du même ? C’est vrai que plus on regarde Lyon jouer moins on voit la filiation. Mais ne vous y trompez pas, Jean-Michel Aulas n’a pas perdu la tête d’un seul coup, c’est savamment calculé comme sortie. Tout le monde commente la petite phrase du président, lui il est prêt à prendre tous les coups, c’est le bouclier de son club. Et pendant ce temps-là, on s’intéresse moins au projet de jeu de Rudi Garcia avec son équipe. Ça tombe bien, parce qu’il n’y en a pas. 

Jean-Michel Aulas croit quand même à un exploit possible de Lyon ce mercredi soir.

En tout cas, il fait très bien semblant. Et surtout, pour éviter de parler directement de cette confrontation, ou même de la saison décevante de l’OL, il remet ça dans un contexte historique. Ce huitième de finale, ça peut être un tournant dans l’histoire du club. Il enchaîne sur son dada, les finances lyonnaises florissantes et les promesses de l’avenir. Oui, cette équipe est jeune et prometteuse, c’est vrai. C’est malin de la part du président, et c’est beaucoup plus accrocheur que Rudi Garcia qui se contente de dire que ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent au foot. Sur un malentendu, ça peut passer, quoi, si on traduit. Mais attention, parce que quiconque s’attaque au travail de l’entraîneur et à sa philosophie de jeu trouvera Jean-Michel Aulas sur son passage. Et le président usera de toute sa force de conviction, et de toute la mauvaise foi dont il est capable aussi pour nous prouver que l’OL fait partie du gratin du foot européen. Et si on se montre un peu sceptique, il s’en sortira toujours avec une pirouette. Vous savez qui pourrait me remplacer quand je quitterai le club ? Tony Parker. Et on en oublie presque l’indigence actuelle de l’OL pour imaginer un avenir brillant. Oui, il est fort, ce président. Plus que son équipe. Aux joueurs de se mettre au même niveau ce soir.