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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Aujourd'hui, Virginie Phulpin s'intéresse au marathon de Paris qui se tiendra ce dimanche. Selon elle, il est le symbole ultime de la conquête sportive des femmes.

Le marathon de Paris se court dimanche. Plus de 60 000 participants sont attendus, dont près d’un tiers de participantes. Pour vous le marathon est le symbole ultime de la conquête sportive des femmes.

Voir des femmes courir le marathon, quoi de plus normal, me direz-vous. Pas de quoi en faire toute une histoire. Et pourtant c’est justement d’histoire dont il est question ici. Il y a quelques jours avait lieu le marathon de Boston, le plus vieux marathon du monde. Et les organisateurs ont dévoilé au départ du parcours une statue de Roberta Gibb. Les fondus de la course d’endurance la connaissent peut-être. Les autres, je ne suis pas sûre.

Roberta Gibb fait partie de ces femmes qui ont défié l’ordre établi pour avoir le droit de courir, tout simplement. On est en 1966. Les participants au marathon de Boston s’élancent. Des hommes uniquement, la course est interdite aux femmes. Et d’un seul coup, sortie d’un buisson juste à côté de la ligne de départ, Roberta Gibb les rejoint. Après quelques foulées, les hommes autour d’elle se rendent compte qu’une femme s’est glissée parmi eux. Et ils l’acceptent d’emblée. Entre coureurs, on se comprend. Elle termine la course en 3 heures et 21 minutes, devant les deux tiers des engagés. Son chrono n’a pas été homologué, forcément, elle n’avait pas de dossard. Mais Roberta Gibb a fait avancer l’histoire. Un coup d’éclat qui a amené les organisateurs à accepter les femmes quelques années plus tard. 

Ce sont toutes les courses d’endurance qui étaient interdites aux femmes jusque dans les années 60

 

Ça me semble important de s’en souvenir alors que le marathon de Paris va avoir lieu. Jusqu’aux jeux olympiques de Rome en 1960, il n’y a aucune course féminine de plus de 800 mètres. Pourquoi ? Sous les prétextes fallacieux que l’endurance pourrait rendre les femmes infertiles, que l’entraînement demandé pour ces courses-là les masculiniserait et aussi parce que les voir souffrir sur de longues distances, ce serait disgracieux. On ramène les femmes à la procréation et à l’obligation de faire joli en fait.

Le premier marathon de Paris a eu lieu en 1976. Les femmes y ont fait leur première apparition en 1979. Et depuis, chaque année, les participantes sont un peu plus nombreuses. Près d’un tiers des inscrits dimanche. A Boston, c’est même quasiment la moitié. Ça n’est pas 42 kilomètres 195 qui ont été parcourus depuis les années 60, on a carrément changé de planète. Notamment parce qu’au départ, il y a des femmes comme Roberta Gibb qui ont dit non. Et j’aimerais bien qu’on ait une pensée pour ces pionnières-là dimanche.