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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin revient sur la disparition de la joueuse de tennis, Peng Shuai. Selon elle, sa disparition après ses accusations de viol à l'encontre d'un ministre doit être pris très au sérieux par tout le monde.

La joueuse de tennis chinoise a disparu depuis plus de 10 jours. Depuis qu’elle a accusé un ancien vice-premier ministre chinois de viol. Le grand public s’alarme, mais les sportifs et les instances du sport restent bien silencieux. 

Comment ne pas s’inquiéter ? On parle d’une disparition totale. Est-ce que Peng Shuai va bien, est-ce qu’elle est libre de ses mouvements ? On n’a aucune information. A part la fédération chinoise de tennis qui assure à la WTA, l’organisation des joueuses, que tout va bien. Ah bon ? Très bien, mais alors pourquoi Peng Shuai ne donne aucun signe de vie alors que le hashtag Where Is Peng Shuai, où est Peng Shuai, est devenu viral sur les réseaux sociaux ?

La WTA essaie de rassurer tout le monde, mais aucun de ses dirigeants n’a parlé directement à la joueuse. Je vais rappeler brièvement les faits. Le 2 novembre dernier, Peng Shuai, qui a notamment gagné Roland-Garros en double en 2014, poste un message sur l’équivalent de Twitter en Chine. Elle accuse un ancien haut dignitaire chinois de l’avoir violée alors qu’il l’avait invitée chez lui pour une partie de tennis. Et elle explique qu’elle sait bien qu’elle prend des risques en le dénonçant, mais qu’elle veut dire la vérité. Le message n’est resté que quelques minutes en ligne avant d’être effacé, et le compte de la joueuse a été désactivé dans la foulée. Ce jour-là, le mot "tennis" était même interdit sur le réseau chinois. Et on devrait croire sur parole les dirigeants qui nous disent que tout va bien ? Ça me semble un peu compliqué venant d’un pays où la censure est reine. 

Les instances du tennis ont quand même fini par s’emparer de l’affaire

 

On a failli attendre. Plus de 10 jours avant une première réaction. Si la WTA a autant tergiversé, c’est qu’elle a des intérêts économiques énormes en Chine. Des tournois féminins aux dotations faramineuses, des contrats juteux comme celui qui permet à la Chine d’organiser le Masters féminin en fin d’année, et j’en passe. Ca fait des années que la WTA drague ouvertement le marché chinois. De là à traîner des pieds pour défendre une joueuse ? Je vous laisse juger…

Mais oui, les dirigeants ont fini par réagir. Ils ne pouvaient plus vraiment fermer les yeux face à la foule d’anonymes qui lancent l’alerte sur les réseaux. Où est Peng Shuai ? De grands noms du tennis se posent la question, comme Chris Evert, ou en France Nicolas Mahut par exemple. Mais il faut bien le dire, l’immense majorité des joueuses et joueurs actuels sont très silencieux sur ce sujet. C’est là qu’on se rappelle que le tennis est bien un sport individuel. Ça va même au-delà du tennis. Tous les sportifs devraient s’émouvoir. N’oublions pas que dans deux mois et demi s’ouvrent les JO d’hiver de Pékin. Que vont faire l’ensemble des pays participants ? Y aller tranquillement sans demander de comptes ? On vise le tableau des médailles avant de s’alarmer du sort d’une sportive ? Non, il faut interpeller les autorités chinoises. Where Is Peng Shuai, et comment va-t-elle ?